Dieu contre Dieu
Debout sur le toit de sa maison de Multan
Néha n’aime rien tant que ces moments apaisants.
Elle lève les yeux et scrute ces lumières brillantes qui l’émerveillent tant.
Elle prie qu’Allah le grand continue à protéger ses enfants.
Elle lui demande aussi que les récoltes soient bonnes, que le temps soit clément
Mais elle oublie qu’à l’autre bout du monde d’autres hommes pris un Dieu différent.
Ce dieu n’a ni temple ni clergé auxquels diriger ses louanges
Car le Dieu Capital n’aime rien tant que produire et en jouir jusqu’à s’en rouler dans la fange.
Du cœur de son Pakistan Néha a compris qu’aujourd’hui le temps est devenu singulier,
Les pluies sont plus fortes, les crues inquiétantes mais elle se dit qu’Allah veille sur ses sujets.
Elle a seulement oublié que ce dieu du Livre ne peut rien contre ce dieu qui enivre.
Les rues de son village sont devenues des méandres sur lesquels elle croit voir des bateaux ivres.
Tout est calme ce soir et les lumières d’habitudes amicales lui semblent alors comme un coup de semonce.
Ce silence en devient assourdissant face au grondement puissant qui s’annonce.
La dernière image qu’elle verra sera celle de sa maison qui de lézarde
Les flots ont tout emporté, le Capital ne tolère aucune arrière-garde.
29/09/2022