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Billet de blog 30 mai 2023

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Connemara's Spirit

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Connemara’s Spirit

Au plus loin que son regard puisse porter,

Ses yeux et son cœur ne se voient offrir que calme et beauté :

L’eau scintillante des lacs du Nord, les tourbières spongieuses aux verts changeants,

Les nuages sombres transpercés par les timides rayons d’un soleil hésitant,

Comme si cette lumière incertaine refusait de s’imposer devant tant de pureté

Les massifs de fleurs ajoutent à cette palette colorée de petites touches de rose ou de jaune mordoré.

Rhododendrons, ajoncs, sphaignes ou utriculaires,

Connaître leurs noms n’apportent rien à leur charme ni ne rend leur vision plus spectaculaire.

Tant de splendeurs perdraient de leur attrait s’il n’avait personne avec qui les partager.

Mais il n’est pas seul. Avec lui chemine un chien noir aux pattes boueuses et usées.

Il ne sait plus vraiment depuis quand ce compagnon erre avec lui.

Cet animal s’obstine pourtant à rester près de lui, de jour comme de nuit.

Il n’a jamais connu son vrai nom, son premier nom, si tant qu’il y ai eu quelqu’un pour l’appeler autrement que « le chien ».

Alors il l’a appelé « Champagne », mélange de sa vie futile du passé et clin d’œil à ses origines françaises perdues dans le lointain.

Où qu’il aille, Champagne le suit.

Sans jamais échanger un regard, chacun sait que l’autre est là, présence amie.

Son rêve était de voir le fjord de Killary, le sommet de Diamond Hill.

S’installer à Letterfrack ou dans une maison simple de Ballinakill.

Croire qu’en laissant une vie derrière lui, une autre commencerait loin ce qu’il a fui.

Mais cela prend du temps de lâcher prise, de libérer son esprit.

Accroupi au bord du lac noir, Champagne trois pas derrière lui comme s’il comprenait qu’un tel moment se vit dans l’intimité.

Son regard se perd dans ces étendues sauvages, ses mains effleurent les mousses timides des tourbières humides et pleine d’humilité.

Il pense avoir trouvé son havre et sait éviter les hordes de touristes qui souvent débarquent telles des nuées de criquets affamés.

Il se fait alors fantôme et joue alors à l’ancêtre local, figure qu’on ose déranger si ce n’est pas une photo prise à la dérobée.

Le soir, le vieil homme placera quelques briques de tourbe dans l’âtre de la cheminée de sa cabane.

Non pas qu’il ait froid, mais l’odeur fumée et terreuse qui se dégage lui rappelle qu’il est en Irlande et pour un peu il se penserait Chamane.

La soirée passera lentement mais sobrement,

Pas de surprise, bonne ou mauvaise, pas de conversation qui agacerait son âme tout à son recueillement.

Champagne est là bien sûr, présence discrète mais devenue indispensable.

Allongé aux pieds, non pas d’un maître mais d’un ami, pareille liberté n’existe qu’inaliénable.

Le vieil homme comprend alors que ce n’est pas la solitude qu’il recherche, pas plus qu’une fuite éternelle.

Il était en quête d’une âme acquise, car pareille beauté ne s’apprécie qu’avec ceux qui ont su briser les chaînes d’un monde qui écartèle.

30/05/2023

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