La justice marocaine a confirmé vendredi 5

avril à Casablanca les peines de prison allant jusqu’à vingt ans pour les meneurs du hirak, mouvement de protestation sociale qui a agité en 2016-2017 la région marocaine du Rif (nord).
Le jugement, qui confirme des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, a été accueilli par des cris de colère et de déception par les familles des militants, réunies dans la salle d'audience après cinq heures de délibéré et quatre mois de procès. « Vive le peuple », « Etat corrompu », « vive le Rif », a crié la foule à la sortie de la salle, tandis que des proches des prévenus s'effondraient en pleurs.
Les accusés déplorent un « procès politique » Jugé pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l'Etat », Nasser Zefzafi, le leader du Hirak devra donc purger une peine de 20 ans de prison ferme, comme trois autres militants du noyau dur de la protestation. Les autres peines confirmées en appel vont de 1 à 15 ans de réclusion.
Nasser Zefzafi s'était imposé comme le visage de la protestation avec ses discours virulents contre l'Etat « corrompu » ou « l'arbitraire du pouvoir» . Il a boycotté son procès en appel, comme 37 autres prévenus en détention, en dénonçant un procès « politique ».
Le substitut du procureur avait requis d'alourdir en appel toutes les peines qui ne correspondaient pas au maximum prévu par le code pénal...
Pour rappel, suite à la mort de Mohcine Fikri, un poissonnier broyé par une benne à ordures, la population d'Al Hoceima s'est soulevée dans des manifestations populaires avec des requêtes purement sociales : l'éducation, les soins et l'emploi. Le mouvement a duré plus de huit mois, durant lesquels les habitants du Rif toute tranche d'âge confondue ont manifesté jour et nuit. les autorités marocaines ont lancé des filets d’arrestations très vastes, qui seront le début du calvaire des familles rifaines.
Nous devons aussi souligner que le Rif est la région du Maroc la plus touchée par le cancer.
Entre 1921 et 1927, lors de la troisième guerre du Rif au protectorat espagnol au Maroc, l'Armée espagnole d'Afrique a utilisé des armes chimiques afin d'écraser la rébellion berbère rifaine menée par Abdelkrim Al Khattabi, chef de la guérilla
Lors de ce conflit, du gaz moutarde a été largué par avions dans le Rif en 1924, un an avant la signature du protocole de Genève« concernant la prohibition d'emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques ». Le gaz a été produit à la Marañosa, près de Madrid, par la Fabrica Nacional de Productos Quimicos, une entreprise grandement mise sur pied par le chimiste allemand Hugo Stoltzenberg, impliqué dans les activités d'armement chimique du gouvernement allemend au début des années 1922.