PREAMBULE : contexte, définitions, méthode, règles du jeu
Vous souvenez-vous du jeu de société édité dans les années 1990 nommé « Qui-est-ce ? » ? Le plateau en plastique rouge ou bleu, les petites dessins cartonnés illustrant des personnages masculins ou féminins caricaturaux ? Bref, vous avez probablement déjà fait une partie de ce jeu dans votre enfance ou vu la couverture dans votre magasin de jouets. Muni de votre plateau vous deviez deviner le « personnage mystère » en utilisant votre sens de la déduction. Ici, le mystère se nomme « oligarchie » . Les personnages sont des gouvernants. Ces derniers se servent avant de vous servir. L’objectif pour nous est d’en répertorier un échantillon. L'objectif pour vous est de deviner leur nom à la lecture de leur parcours. C'est là l'objectif du jeu qui vous est proposé.

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Une fois par semaine, un paragraphe sera édité, sur un élu et/ou un haut-fonctionnaire. Tous ceux qui sont choisis présentent des caractéristiques précises :
Ils sont des élu (e) (s) nationaux c'est à dire des individus détenant un ou plusieurs mandats électifs de dimension nationale leur permettant d'agir au nom d'une population notamment en écrivant ou en votant les lois pendant une durée déterminée. Souvent affiliés à un parti politique, ils tentent de mettre en place le "programme" politique qu'ils défendent. Ceux que vous retrouverez partagent un problème : ils sont impliqués dans des affaires judiciaires. Dans la liste ci-dessous, il y a aussi énormément de "hauts-fonctionnaires". Ce sont des personnes qui occupent les emplois les plus élevés dans l'administration publique de l'Etat. En France ces hauts-fonctionnaires sont recrutés à travers un parcours scolaire extrêmement long et homogène : la réussite dans les écoles oligarchiques spécialisées tels que Sciences Po Paris, l'ENA (remplacée par l'INSP sous Emmanuel Macron) ou encore l'école Polytechnique. Attention, un haut-fonctionnaire peut aussi devenir élu voire président de la République. Ces deux catégories ne sont donc pas antagoniques. Ceux qui sont mentionnés partagent une pratique très commune et très problématique lorsqu'on se forme pour "servir" la population : ils font du "pantouflage" signifiant ainsi qu'ils quittent leur carrière administrative publique pour se faire recruter par une entreprise privée tout en conservant la possibilité de réintégrer l'administration plus tard. Concrètement, cela peut se traduire par un haut-fonctionnaire qui, chargé de contrôler l'évasion fiscale de certaines entreprises ou banques décide d'intégrer le conseil d'administration de cette même institution qu'il devait contrôler. C'est comme si celui qui était chargé d'appliquer les règles du jeu venait dans l'autre camp pour expliquer comment les contourner. D'ailleurs, beaucoup de "pantoufleurs" que vous devez repérer sont aussi concernés par des affaires judiciaires.
Derrière l’aspect ludique de ce papier, il y a un objectif extrêmement sérieux : mettre des visages, des noms, et des carrières sur les personnes qui sont « façonnés » pour « nous diriger », pour le meilleur mais surtout pour le pire. En effet, si le constat peut sembler « évident » à toute personne muni d’un sens critique il reste très difficile à imposer dans le débat public : les femmes ou les hommes qui travaillent dans la haute fonction publique d’Etat, c’est-à-dire dans les ministères, agences, et autres institutions utilisent le vernis de « l’intérêt public » pour servir leurs intérêts privés, développer leur capital économique, social et politique et préparer des lois qui desservent ceux qui ne partagent pas leurs intérêts. Une population peut-elle faire confiance, et même plus, confier son propre pouvoir politique à des individus potentiellement dangereux ?
Lorsqu’il s’agit de développer un raisonnement sur ces graves conflits d’intérêts, les calomnies et attaques ad personam arrivent très vite… « populiste », « démagogue », « traître à la nation ». Contre ces élucubrations vides de sens il s’agit d’être précis et de fournir un répertoire d’individus que toute personne intéressé par la politique pourra mobiliser afin de renforcer son discours, d’adosser sa théorie au réel, lui donnant ainsi plus d’ampleur et de puissance. Ici nul besoin d’inventer, ou d’aller chercher des informations dans des univers opaques et sombres. Tel un passeur, toute l’écriture est fondée ici sur des ouvrages publiés (liste en bas de page) et des donnés trouvées sur le web donc librement consultables ou vérifiables. Ainsi, en débutant cette lecture n’oubliez pas cette célèbre maxime d’Albert Einstein : « il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. ». De plus, des alternatives existent, donnez-vous simplement le droit d’y penser et de les travailler !
Merci d'avoir lu cette notice de jeu, c'est désormaisà vous de retrouver les noms et prénoms des dirigeants décrits ici, et pour cela vous pouvez utiliser la section commentaires. Chaque paragraphe est accompagné d'une image d'illustration afin que vous puissiez les reconnaître si besoin. Ces portraits sont aussi susceptibles d'évoluer en fonction des informations que nous glanons ici et là. Nous nous intéresserons qu'aux commentaires de personnes cherchant réellement à deviner ou à utiliser ces informations et rien d'autre. Le jeu s'arrêtera de lui-même lorsque nous n'aurons plus de noms pour alimenter cette série. A tout de suite !
JEU
SEMAINE DU 13 AU 19 JUIN 2022 : PORTRAIT N°1
Je suis haut fonctionnaire, né le 22 novembre 1960 à Neuilly sur Seine (région parisienne). Après des études à l’école Henri IV, au lycée de l’hôpital Raymond Poincaré à Garches, à l’institut d’études politiques de Paris (nommé autrement Sciences Po Paris) et enfin à l’ENA, je commence ma carrière comme auditeur à la cour des comptes. Entre 1993 et 2012, je pantoufle énormément ! En effet, j’occupe beaucoup de fonctions de direction et de gestion dans de grandes institutions publiques et privées en France et en Angleterre : ICCRL , Eurostar, Vinci, Kéolis entre autres. Proche d’Alexis Kohler, je deviens en 2012 commissaire puis directeur de l’agence des participations de l’Etat (APE). Dans le même temps, je suis vice-président de l’institut Montaigne, un lobby patronal proche d’Emmanuel Macron. Disposant d’un énorme carnet d’adresses et d’une grande influence au sein de l’appareil d’Etat, je rejoins de nouveau la sphère privée à travers un poste au sein de la Bank of America Merrill Lynch. Je fais ces allers-retours dans un climat de grande tranquillité médiatique, pour mon plus grand bonheur. Néanmoins, depuis 2020, je suis soupçonné de prise illégales d’intérêts lors de l’opération de mise en bourse de 0.5% du capital de GDF Suez auprès de Bank of America Merril Lynch, lui permettant de gagner 30 millions d’euros (sans appel d’offres) alors même que je la rejoins comme salarié quelques mois plus tard. Je suis D.... A...

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SEMAINE DU 20 AU 27 JUIN 2022 : PORTRAIT N°2
Je suis née le 23 août 1959 à Paris et j’ai été diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris en 1980 et de l’ENA en 1984. Rapidement, j’ai rejoint la direction générale du Trésor où je suis restée un certain temps, jusqu’en 2004. Parallèlement j’ai occupé des fonctions à la Banque Mondiale, au cabinet de Pierre Bérégovoy dans les années 1990 puis au cabinet de Michel Sapin dont je suis proche. Toujours en restant attachée à la direction générale du Trésor, j’ai pu aussi être « sous-directrice » chargée des « participations de l’Etat » dans les domaines des transports de la technologie et de l’assurance. C’est comme cela que j’ai pu m’impliquer dans la privatisation d’un groupe dans chaque thématique : Air France pour les transports, Thomson pour la technologie et Gan pour les assurances. Comme tous mes camarades, je m’approche de plus en plus du domaine du privé notamment via des entreprises publiques qui ont subi une privatisation partielle ou totale : France Telecom Orange en 2004, GDF Suez, CNP-Assurances (société publique introduite en bourse en 1998), Eurazeo (j’occupe un siège au conseil d’administration de ce gigantesque fond d’administration lié à la banque Lazard) puis cerise sur le gâteau depuis 2014 : je deviens PDG de la Française des jeux (FDJ) récemment privatisée notamment sous l’impulsion d’Emmanuel Macron qui la finalise avec ses collègues. Je suis S... P...

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SEMAINE DU 28 JUIN AU 03 JUILLET 2022 : PORTRAIT N¨°3
Je suis né à Versailles (région parisienne) le 22 octobre 1968 et j’ai suivi le parcours parfait pour devenir haut-fonctionnaire. Scolarité marquée par Sciences Po Paris alias L’Institut d’Etudes Politiques de Paris, puis l’école supérieure des sciences sociales (ESSEC), l’université Paris II Panthéon Assas et enfin l’ENA. Comme S... P..., c’est la direction du Trésor que j’intègre lors de la fin de mon parcours à l’ENA. Comme madame P..., je vais occuper des fonctions à la Banque mondiale (administrateur supplément). Dès 2006, alors âgé de 42 ans, je commence mes allers-retours entre le domaine public et le privé : banquier sénior chez Citigroup en 2006, Directeur général adjoint puis général du groupe Eurotunnel, puis directeur général de la banque d’affaires milanaise Médiobanca. Cette banque qui a su par ses conditions salariales me permettre de toucher des montants inaccessibles au commun, j’ai su lui renvoyer la balle en lui permettant de mettre la main sur l’aéroport de Nice grâce à mon carnet d’adresse comme le montre Vincent Jauvert dans son livre « les intouchables de l’Etat ». Bien sûr, la vie publique française m’intéresse en parallèle. J’ai gardé du temps en réserve pour être le directeur adjoint du cabinet de Christine Lagarde en 2007, ainsi que conseiller Nicolas Sarkoy pendant tout son mandat. En bref, mon parcours de "pantoufleur" est devenu si classique qu’on ne sait plus si les intérêts que je défend sont privés, personnels et internationaux ou publics, nationaux comme l’avait prévu les créateurs de l’ENA sous la direction du général de Gaulle. Je suis E... M...

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SEMAINE DU 04 AU 11 JUILLET 2022 PORTRAIT N° 4
Fils de notaire, je suis né en 1954 à Montreuil (région parisienne). Je suis diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, et j’intègre l’ENA en 1978 avec mes camarades François Hollande et Michel Sapin. J’intègre alors pour commencer ma carrière l’inspection générale des finances (où j’ai pu rencontrer Emmanuel Macron), puis le poste de chef de bureau au service de la législation fiscale au sein du ministère des Finances. Membre de l’organisation « Le Siècle », j’ai occupé de nombreuses positions importantes dans les cabinets de prestigieux ministres tels Jacques Delors, Lionel Jospin. Ma carrière administrative est loin d’être finie : j’ai été directeur du Trésor en 2000, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes. Je me suis aussi baladé dans les « agences d’Etat » telles que l’Autorité des marchés financiers, la Caisse des dépôts et consignations, et la Banque Publique d’investissement. En 2014, je prends plus de lumière médiatique en étant nommé par François Hollande secrétaire général de la présidence de la République. Je m’intéresse aux affaires étrangères en étant nommé ambassadeur de France au Royaume-Uni en 2017, puis représentant de la France auprès de l’OCDE. Comme mes camarades j’ai pu profiter de mon carnet d’adresses pour travailler dans le monde des grandes entreprises : conseil d’administration de Covéa (groupe d’assurances), président de Barclays France (2005). Comme j’ai beaucoup de temps libre, surtout en début de carrière j’ai également enseigné à l’ENA, à Paris Dauphine, je suis J…P...J...

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SEMAINE DU 11 JUILLET AU 17 JUILLET PORTRAIT N°5
Sachez que je ne suis pas né en région parisienne mais en Gironde à Caudéran. Je suis fils d’ingénieur des mines et j’ai fais mon parcours de formation à Paris, c’est indispensable pour pénétrer les arcanes de l’Etat. C’est dans la capitale française que j’ai intégré HEC Paris puis l’ENA où mon parcours plus que réussi me permet d’intégrer le corps de l’inspection des finances. Pour l’anecdote ma grande sœur est aussi impliquée dans la vie publique puis qu’elle est notamment députée. J’ai d’abord réussi des missions dans des institutions publiques telles que la compagnie générale des eaux mais plus précisément dans son pôle immobilier incarné par l’entreprise Phénix (très connu dans les banlieues et régions pour leurs célèbres maisons à bas coût) que j’ai participé à transformer pour devenir aujourd’hui un grand groupe nommé Nexity (1997). J’ai suffisamment grimpé les échelons pour devenir directeur général adjoint de la compagnie générale des eaux (1997), puis directeur général adjoint de Véolia (2003). Le début des années 2000 marque un nouveau tournant dans ma carrière avec l’occupation d’un poste de directeur de cabinet du ministère de l’économie et l’occupation d’un siège aux conseils d’administration de France Telecom et d’UGC. De 2009 à 2018, je passe de directeur international du groupe France Telecom à directeur général du groupe Orange, un nouveau nom pour une entreprise désormais privatisé, au prix d’un massacre social qui me portera jusque dans les tribunaux (cette organisation collective de la maltraitance des salariés est bien narrée par Sandra Lucbert dans son livre « Personne ne sort les fusils ».). Je suis aussi impliqué judiciairement dans l’affaire « Tapie-Crédit Lyonnais », notamment mis en examen en 2015 pour « complicité de détournement de fonds publics par une personne privée ». J’ai quand même écopé d’une sanction, somme toute légère avec un an de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende le 24 novembre 2021… Je suis S...R....

SEMAINE DU 18 AU 24 JUILLET PORTRAIT N°6
Je suis né le 4 octobre 1943 à Paris (moi aussi !). Pourtant ma famille est liée au territoire corse et à la Creuse. Dans mon honorable famille il y a mon grand père Cyrille S... qui fut proche de Jean Jaurès et responsable de la section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) de la fédération du Tarn. Il y a bien sûr mon père, lui aussi impliqué dans la vie publique, ingénieur des Ponts et Chaussées et rédacteur de la « loi S... » en 1978 ayant pour but d’accélérer les procédures pour le propriétaire d’un bien sinistré lors d’une catastrophe naturelle par exemple. J’ai donc fait du mimétisme familial en m’engageant dans un parcours visant à intégrer l’oligarchie française : Lycée Hoche de Versailles, Institut d’Etudes Politiques de Paris et enfin l’ENA. Dans les années 1970-1980 je me consacre aux fonctions publiques notamment au ministère de l’éducation nationale ou au Conseil d’Etat. Mais c’est dans les années 1990 que ma carrière prend son envol, dans tous les sens du terme : en devenant directeur de cabinet au ministère des affaires sociales de l’Emploi et des transports, je deviens le président directeur général de l’entreprise Air-Inter. C’est alors que j’ai moi aussi grimpé les échelons, participé à la fusion d’Air-Inter avec Air France, puis à sa privatisation totale avec l’intégration de l’entreprise néerlandaise KLM dès 2004. Dès lors, je n’ai plus quitté les postes de direction dans le monde de l’aviation française et européenne et les prébendes qui vont avec bien sûr (salaires, dividendes, retraites chapeaux), fusionnant à l’image de mes nombreux collègues intérêts personnels, intérêts privés et exploitation de biens publics. D’ailleurs, j’ai moi-même été convoqué par la justice pour soupçons de « blanchiment en bande organisée, de travail dissimulé, complicité de corruption passive, trafic d’influence et d’abus de biens sociaux ». Appelé comme témoin assisté, je ne suis pas été poursuivi, à la surprise de mon propre avocat qui déclare : « C’est assez exceptionnel d’être convoqué pour être mis en examen et de ne pas ressortir poursuivi… » Je suis….J...C...S...

SEMAINE DU 25 AU 31 JUILLET PORTRAIT N°7
Je suis né dans les années 1970, hors de la région parisienne, à Nantes précisément. Mon surnom : le "roi" car le nombre d'infractions pour lesquelles je suis accusé est immense. Mais avant d’en arriver là j’ai finalisé des études de droit et de marketing. Membre du très célèbre club « Le siècle », c’est en 2001 que j’entame une carrière politique, dans les hauts de Seine en tant que conseiller général puis vice-président et ce jusqu’en 2015 où je deviens tête de liste pour les élections départementales aux côtés de Valérie Pécresse. Parallèlement j’obtiens mon premier mandat de député en 2012 à Boulogne Billancourt en battant un adversaire qui avait été choisi à ma place au sein de mon propre parti, l’UMP. Je deviens d’ailleurs secrétaire général de ce parti en 2013. En 2017, je suis candidat à ma propre réélection et ce avec réussite. Au sein du parti « Les Républicains » précédemment nommé UMP, je me suis souvent permis de défendre mes positions politiques et mes positions de pouvoirs, cela en froissant les égos et convenances quand c’est nécessaire. Le 31 Octobre 2017, je suis exclu des Républicains, mais j’adhère à la République En Marche, parti d’Emmanuel Macron dans la foulée. C’est un rôle plus discret que j’endosse alors, m’écartant progressivement du « cirque électoral » pour « conseiller » les membres du gouvernement et participer à la campagne pour la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. J’ai notamment la mission d’aller rallier des « copains » de mon précédent parti pour renforcer le président. Il faut dire aussi que les affaires que je traîne rendent plus difficile ma mise sous les feux de la rampe. Tout a commencé en 2016, quand Médiapart et le Canard enchaîné affirment que j’use de fraude fiscale, en déclarant incorrectement mes revenus, en ne payant pas mes impôts. En 2018, les accusations s’accumulent car cette fois on m’accuse de trafic d’influence, corruption, abus de biens sociaux, de financement illicite de dépenses électorales, tant et si bien que mon immunité parlementaire va être levé le 11 juillet 2018. Même les débuts de mon parcours sont scrutés puisque le cabinet Deloitte qui a employé Thierry Solère entre 2011 et 2012 est mis en examen en 2022 pour trafic d’influence. Même ma belle-mère aussi connaît des difficultés : elle est mise en examen le 30 mars 2022 pour soupçon d’emploi fictif à l’assemblée nationale. Sachez qu’aujourd’hui, je suis toujours libre de mes mouvements, les procès avancent, je suis….T... S....

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SEMAINE DU 01 AU 07 AOUT PORTRAIT N°8
Je suis présent dans de très nombreux conseils d’administrations, mais c’est surtout en tant que PDG de Black Rock France que j’ai pris plus de lumière médiatique. Mon parcours antécédent ? Il est dans la droite lignée de mes collègues hauts fonctionnaires. J'aurai dû me dédier à la sphère publique... Mais ce n'est plus le cas et ce depuis un bon moment... Je suis né à Chambéry, mais c’est à Paris qu’il faut aller pour aspirer à de hautes fonctions. C’est ainsi que je rentre à l’IEP Paris puis que j’intègre l’ENA. Comme S... P..., J... J... B..., A... K..., E... M..., c’est à la direction du Trésor que je m’épanouis en début de carrière. Comme mes collègues je développe mon réseau au sein du FMI entre 1989 et 1991. Proche de Jacques Chirac, je suis son conseiller économique, tant et si bien que je suis le directeur adjoint du premier ministre Jean Pierre Raffarin en 2002. J’ai pu participer à la construction de la « fameuse » réforme des retraites de 2003 avec François Fillon. Mais mon parcours « officiel » dans la haute fonction publique au « service des français » prend fin en 2004. C’est le début de très nombreux entrées dans le domaine privé, au sein de fonctions de directions de très grandes entreprises françaises et internationales : GDF Suez (où je suis au cœur du processus de privatisation), Electrabel, Vallourec, Eurogas, Atos et depuis 2015, Black Rock France dont je suis le PDG. Je suis…J....F....C..

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SEMAINE DU 22 AU 28 AOUT PORTRAIT N°9
Je suis un pionnier. L’un des premiers « pantoufleurs » assumés et l’un des plus grands encore aujourd’hui de par le nombre d’entreprises privées dans lesquelles je me suis inséré. Né en 1951, à Boulogne Billancourt, fils d’une famille de commerçants, j’ai suivi le parcours homogène et académique que vous imaginez : Licence de droit, Sciences Po Paris, ENA. C’est dans les sous-préfectures et dans domaine du budget (encore lui !) que je fais mes armes à la sortie d’école : je suis, par exemple, chef de cabinet du ministre du budget Laurent Fabius. Mais il ne m’aura fallu que 7 ans pour effectuer mon premier « pantouflage » : je deviens directeur général d’Havas Tourisme en 1983. Dans les années 1990, je me rapproche de la famille Pinault notamment comme président de la compagnie française de l’Afrique Occidentale puis avec un bon poste au sein du groupe Printemps-LaRedoute. L’année 2005 est une année importante pour moi : je me lance à mon propre compte par la création du fond d’investissement Weinberg Capital Partners. Néanmoins, mon réseau n’est pas loin, et me permet d’intégrer les conseils d’administration de grandes entreprises françaises et internationales : Accor, Gucci, la Fnac… Mon parcours de « pantoufleur » et ma proximité avec le monde politique me permet de participer à la « Commission pour la libération de la croissance française » avec la fine fleur des chefs d’entreprises et autres collègues « pantoufleurs ». D’ailleurs, pour votre information, le rapporteur général de cette commission datée de 2008 est… Emmanuel Macron. Mais passons… Désormais, je suis président du conseil d’administration de Sanofi, depuis 2010 pour être précis. J’ai tellement pantouflé qu’aujourd’hui la majorité peut oublier que j’ai été haut-fonctionnaire, aujourd’hui, je préfère qu’on m’appelle « homme d’affaires » je suis… S... W....

SEMAINE DU 29 AOUT AU 4 SEPTEMBRE PORTRAIT N°10
Pour un « pantoufleur » comme moi, je dispose d’une originalité : je suis né à Strasbourg donc ni en Ile-De-France, ni dans le petit Paris. Mais c’est peut-être ma seule caractéristique spéciale par rapport au reste de mes camarades. En effet, comme mes collègues introduits dans l’oligarchie ma famille n’est pas « commune » socialement : elle est issue d’une vieille aristocratie lorraine. De plus, comme mes camarades « pantoufleurs », j’ai suivi le parcours « académique » orthodoxe : Ecole Polytechnique, ENA (major et inspecteur des finances), puis intégration de la direction du Trésor. De 1990 à 2003 je reste dans le public comme De Gaulle aurait pu l’imaginer lorsqu’il participe à la création de l’ENA : je vis dans l’orbite des grands cabinets ministériels à tenter d’aménager les politiques publiques : conseiller au sein du ministère des Finances, directeur général du cabinet de Dominique Strauss Kahn, puis directeur général des impôts. C’est en 2003, que mon parcours de « pantoufleur » commence : j’intègre BNP Paribas par la branche Cetelem jusqu’à en devenir directeur général délégué. Alors que je dirige un poste clé au sein d’une des plus grandes banques privées de France je suis proposé pour être le nouveau gouverneur de la banque de France (institution publique) en 2015. Depuis le 1er novembre 2015, j’ai donc pu passer d’un poste extrêmement important et influent dans le monde du privé au sein d’une immense banque européenne extrêmement financiarisée à la direction d’une institution publique aux intérêts potentiellement contraires à cette dernière. C’est pourquoi, j’ai reçu beaucoup de critiques sur de potentiels conflits d’intérêts. Bien heureusement, rien de tout cela n’a pu arrêter ma prise de pouvoir. J’exerce d’ailleurs toujours ce mandat et ma rémunération révélée en 2016 avoisine les 300 000€ par an je suis….F...V...D....G

SEMAINE DU 05 SEPTEMBRE AU 11 SEPTEMBRE PORTRAIT N°11
Je suis né le 16 mai 1958 à Boulogne Billancourt. Par rapport à mes camarades, je n’ai pas suivi le parcours le plus classique, j’ai « bifurqué »… à HEC… Cependant, ma famille ce n’est pas n’importe qui non plus, elle est très liée à l’entreprise Lacoste, par l’intermédiaire de mon grand-père Pierre Lévy, fondateur du groupe Devanlay qui détient 35% du groupe Lacoste. Ma carrière dans le secteur publique est incroyablement courte à ma sortie d’école : 4 ans, le temps d’intégrer le ministère de la Justice, le ministère de l’Economie des Finances, et celui des Outre-Mer. Mais ce n’est que partie remise… D’abord, j’intègre le groupe Paribas en 1993 alors que celui-ci est en pleine ré-organisation, privatisation (fusion avec BNP en 2000). C’est dans le domaine de l’assurance que je m’épanouis (mes collègues m’ont donné le titre d’assureur de l’année en 2011), jusqu’en 2013, où je quitte cette dernière entreprise pour devenir le directeur général de Générali France. Pendant toutes ces années, mon parcours dans le domaine de la banque et des assurances a attiré l’œil d’un homme de pouvoir : Emmanuel Macron. Ce dernier défend mon profil comme directeur de la Caisse des dépôts et des consignations. C’est ainsi que j’ai pu réintégrer avec une grande facilité un poste clé dans l’administration publique. Avec un tel parcours, un tel carnet d’adresse, je suis la quintessence de la fusion d’intérêts apparemment contradictoires mais qui aujourd’hui ne le sont plus : le monde ploutocratique et le monde politique, administratif censé servir le « commun ». Je suis…E…L

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SEMAINE DU 12 SEPTEMBRE AU 18 SEPTEMBRE PORTRAIT N°12
Issu d’une grande famille d’intellectuels parisiens, mon père Pierre Charles B..., fut un enseignant et universitaire de renom (adhérent du parti communiste français), écrivain et critique littéraire français. Je suis né en 1980, suite au second mariage de mon illustre père. Agrégé d’histoire à l’Ecole Normale Supérieure, j’ai ensuite suivi le traditionnel « rituel initiatique » : Sciences Po Paris, et ENA. Comme S… P… avant moi et beaucoup d’autres c’est à la direction du Trésor que je débute ma carrière de haut-fonctionnaire. En 2012, je rejoins le cabinet de Pierre Moscovici et je continue mon exploration du monde politique administratif mais aussi économique. En effet, sous la présidence Hollande, j’effectue mon premier « pantouflage », en intégrant l’entreprise Amundi, la filiale du Crédit Agricole et de la Société Générale experte en gestion d’actifs (biens immobiliers, investissements, épargne salariale). A côté de cette activité, je continue de m’impliquer dans les débats d’idées qui couvent dans la Haute Administration notamment par mon implication au sein du think tank « En temps réel ». J’ai désormais 42 ans, ma carrière débute seulement, loin du parcours de mon aïeux d’antan, je suis…J...J...B

SEMAINE DU 19 SEPTEMBRE AU 25 SEPTEMBRE PORTRAIT N°13
Je suis le frère d’un homme bien plus célèbre que moi, le ministre de l’économie d’Emmanuel Macron, Bruno Le Maire. Mon parcours est bien moins honorable pour « l’élite » mais il mérite quelques mots ici : je suis diplômé de l’Université Paris Dauphine et je me spécialiste en Economie et Gestion (j’obtiens une maîtrise dans ce domaine à Birmingham). En 2003, je suis analyste financier au sein d’une société de gestion française, l’ERAAM, puis je rejoins la banque Rothschild mais pour un temps assez court. En effet, dès novembre 2015, je crée un fond « Blackpoint Europe » puis je crée ma société nommée « Diamant Bleu Gestion » dont le domaine d’action reste la gestion d’actifs, notamment assurantiels comme par exemple de l’épargne retraite. Dans son ouvrage « Prédations », Laurent Mauduit prétend qu’une réforme des retraites menée par mon frère pourrait représenter une aubaine pour mon activité et l’arrivée de grands fonds de pension sur le « marché » français de la retraite… Directement, aucun conflit d'intérêt pour moi qui fréquente uniquement le monde du privé. Mais les choix de mon frère pourrait fortement m'arranger... Cela reste à prouver bien sûr, et en attendant je reste dans l’ombre, je suis…H...L...M

SEMAINE DU AU PORTRAIT N°
SEMAINE DU AU PORTRAIT N°
SEMAINE DU AU PORTRAIT N°
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SOURCES
Nous ne sommes ni journalistes d'investigation, ni sociologues, ni hauts-fonctionnaires, ni élus. Tels des passeurs, nous rassemblons des informations par nos lectures et notre suivi de l'actualité. Le contenu synthétisé ici est donc le produit de connaissances glanés aussi bien à travers des fiches wikipédia, des sites officiels de "think tank", d'associations que de monographies de spécialistes. Par exemple, voici une liste d'ouvrages ou d'institutions qui nous ont servi à construire ce jeu. Nous profitons de la publication de cette liste pour remercier infiniment toutes les personnes qui travaillent énormément pour nous apporter ces informations, souvent au péril de leurs carrières professionnelles.
OUVRAGES :
MAUDUIT, Laurent, "Prédations Histoire des privatisations des biens publics", Editions La Découverte, 2020, 220p.
MAUDUIT, Laurent, "La Caste : enquête sur cette haute fonction publique qui a pris le pouvoir", Editions La Découverte, 2018, 350p.
JAUVERT, Vincent, "La Mafia d'Etat", Editions Seuil, 2021, 224p.
BRANCO, Juan, "Crépuscule", Editions Au Diable Vauvert, 2019, 200p.
PINCON Michel & PINCON-CHARLOT, Monique, "La violence des riches : chronique d'une immense casse sociale ", Editions La Découverte, 2014, 256p.
INSTITUTIONS :
L'association Anticor : https://www.anticor.org/
L'ONG Transparency : https://transparency-france.org/
L'organisation journalistique Disclose : https://disclose.ngo/fr
Le travail de tout un chacun sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal