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Billet de blog 19 juillet 2019

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Remarques élémentaires sur le vêtement

Non, on ne s'habille pas comme on veut.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En tous temps, en tous lieux, les sociétés humaines, sans exception, ont eu des codes vestimentaires. Dire « on s'habille comme on veut » n'a de sens ni ici, ni ailleurs, ni maintenant, ni jamais. On connaît l'interdit sur la nudité commun à toutes les cultures (à l'exception des tous jeunes enfants, exception semble-t-il universelle), on connaît également les contraintes climatiques qui font qu'un inuit ne s'habillera pas comme un papou. Cela dit, il semble bien que la fonction essentielle du vêtement est de distinguer : les civils des militaires, les clercs des laïcs, les hommes des femmes, les nobles des plébéiens (« et nous nous souviendrons toujours des sans-culottes des faubourgs »). Il est aussi quelques cas où c'est le contraire : les uniformes, qui rendent interchangeables ceux qui les portent (tout en les distinguant des autres, militaires, hôtesses de l'air, infirmiers, etc.). Selon les sociétés, braver ces codes pouvaient/peut entraîner des punitions graduées. Ainsi, le port illégal de décoration, régi en France par l'article 433-14 du Code pénal, est sévèrement puni, tout comme le port indu d'un uniforme, les exemples ne manquent pas. Cela n’exclue pas évidemment, une grande liberté dans le vêtement, il suffit de regarder autour de soi, ni qu'il n'y ait des changements dans ces codes, par exemple suite à une colonisation (les chapeaux melons des Andes), une influence culturelle ou simplement la mode. Et même si, à l'évidence, les femmes ont été partout et toujours plus contraintes que les hommes, elles peuvent aujourd'hui, dans notre société, porter un pantalon (légalement depuis 2013 !), un short, une jupe, une mini-jupe, une robe, etc. mais les écarts sont encore jugés sinon par la loi au moins par les gens et, me semble-t-il, si ces écarts sont admis venant d'étrangers de passage - on sourit à un chapeau texan, à un kilt écossais, à un lederhose bavarois, à un sari, un kimono - une tenue non conforme aux usages de la part d'une personne qui réside de façon permanente suscite une réaction négative qui n'est pas surprenante. Notons incidemment que les écarts par rapports aux coutumes ne concernent évidemment pas que le vêtement. Pour nous rapprocher de l'actualité, un homme qui refuse de serrer la main d'une femme, un mari qui refuse que sa femme soit examinée par un médecin homme, une requête pour des horaires ségrégatifs à la piscine sont du même ordre qu'un burkini ou un nikab : un rejet des usages publics communément admis par la majorité des français. On aura noté que le fait religieux n'entre en rien dans l'exposé ci-dessus car il est dénué de pertinence dans une société laïque et que traiter d'islamophobe tous ceux que ces comportements dérangent (amalgame s'il en est !) est au mieux malhonnête. En bref, on ne peut pas vivre dans une société en faisant fi du regard de ses voisins.

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