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Billet de blog 26 avril 2025

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La reprise agricole toujours au point de patinage dans le 64

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En février, le PAIT 641 a transmis ses chiffres 2024 concernant l’installation-transmission, lors de son
habituelle réunion de bilan annuelle. Une occasion de se pencher sur l'évolution des parcours agricoles dans l'un des départements de France qui "installe le plus".

En matière de transmissions, les potentiels cédants passés au PAIT en 2024 étaient moins nombreux qu’avant mais ont
cependant affiché une volonté plus claire de transmettre leur ferme en faveur d’installations agricoles.
Côté installation, on se réjouira de la réouverture des droits Vivea au bénéfice des cotisant-es solidaires. Au niveau des parcours
suivis par rapport aux années précédentes, on constate que l’affluence des projets agricoles ne faiblit pas puisque plus de 300
personnes frappent à la porte du Point Accueil Installation et que 169 d’entre eux poursuivent leur parcours en sollicitant au
moins un rendez-vous individuel. A première vue, on pourrait naïvement imaginer que ce nombre permette de compenser les
quelques 150 exploitant-es agricoles qui franchisse chaque année la barre des 64ans*. Et pourtant, même si le 64 est
régulièrement sur le podium des départements de France « qui installent le plus », les installations agricoles sur le territoire ne
compensent toujours pas les départs à la retraite*. Dans la pratique et avec l’expérience d’accompagnement que nous avons,
nous savons bien que l’équation 1 retraité cédant + 1 candidat à l’installation = 1 reprise est beaucoup trop simpliste.
Ici, on s’épargnera de détailler une fois de plus la liste des freins à la reprise déjà assez bien documentés depuis de nombreuses
années sur l’ensemble du pays. Le Béarn, s’il a indubitablement ses particularités locales, ne fait pas exception à l’essentiel des
contraintes liées au contexte sociologique, économique, foncier, et de formation agricole.
Néanmoins on pourra déplorer que les récents ajustements du dispositif DNJA2 d’aide à l’installation ne vont pas dans le sens
d’un soutien plus solide et cohérent à des installations paysannes durables. Comment s’étonner de la diminution du nombre de
projets en Agriculture Biologique, quand on sait que la réforme DNJA 2023 a remplacé la majoration « création d’activité AB »,
par une modulation liée à la reprise de terres d’ores et déjà certifiées ? Et quelle déception lorsqu’on apprend que le supplément
de l’enveloppe régionale disponible pour revaloriser la même dotation DNJA sera désormais affecté vers le pilier relatif aux
investissements (supérieurs à 50 000eu), alors qu’il aurait pu être équitablement distribué entre tous les dossiers conformes via
le pilier trésorerie. Toujours pas surprenant lorsqu’on constate qu’en réunion de bilan de l’installation-transmission, le syndicat
autoproclamé des Jeunes Agriculteurs se permet de son propre chef d’inviter le Crédit Agricole, et se fait finalement « féliciter
par le président du COTI3 pour « son travail de négociations qui bénéficiera à tous les jeunes », ou pas…

Dormez tranquille, l’avenir de vos fermes est bien gardé.


* : source MSA
1 : Point Accueil Installation-Transmission des Pyrénées-Atlantiques
2 : Dotation Nouveau et Jeunes Agriculteurs
3 : Comité d’Orientation Transmission Installation

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