En matière de transmissions, les potentiels cédants passés au PAIT1 en 2024 étaient moins nombreux qu’avant mais ont cependant affiché une volonté plus claire de transmettre leur ferme en faveur d’installations agricoles.
Côté installation, on se réjouira de la réouverture des droits Vivea au bénéfice des cotisant-es solidaires. Au niveau des parcours suivis par rapport aux années précédentes, on constate que l’affluence des projets agricoles ne faiblit pas puisque plus de 300 personnes frappent à la porte du Point Accueil Installation et que 169 d’entre eux poursuivent leur parcours en sollicitant au moins un rendez-vous individuel. A première vue, on pourrait naïvement imaginer que ce nombre permette de compenser les quelques 150 exploitant-es agricoles qui franchisse chaque année la barre des 64ans*. Et pourtant, même si le 64 est régulièrement sur le podium des départements de France « qui installent le plus », les installations agricoles sur le territoire ne compensent toujours pas les départs à la retraite*. Dans la pratique et avec l’expérience d’accompagnement que nous avons, nous savons bien que l’équation 1 retraité cédant + 1 candidat à l’installation = 1 reprise est beaucoup trop simpliste.
Ici, on s’épargnera de détailler une fois de plus la liste des freins à la reprise déjà assez bien documentés depuis de nombreuses années sur l’ensemble du pays. Le Béarn, s’il a indubitablement ses particularités locales, ne fait pas exception à l’essentiel des contraintes liées au contexte sociologique, économique, foncier, et de formation agricole.
Néanmoins on pourra déplorer que les récents ajustements du dispositif DNJA2 d’aide à l’installation ne vont pas dans le sens d’un soutien plus solide et cohérent à des installations paysannes durables. Comment s’étonner de la diminution du nombre de projets en Agriculture Biologique, quand on sait que la réforme DNJA 2023 a remplacé la majoration « création d’activité AB », par une modulation liée à la reprise de terres d’ores et déjà certifiées ? Et quelle déception lorsqu’on apprend que le supplément de l’enveloppe régionale disponible pour revaloriser la même dotation DNJA sera désormais affecté vers le pilier relatif aux investissements (supérieurs à 50 000eu), alors qu’il aurait pu être équitablement distribué entre tous les dossiers conformes via le pilier trésorerie. Toujours pas surprenant lorsqu’on constate qu’en réunion de bilan de l’installation-transmission, le syndicat autoproclamé des Jeunes Agriculteurs se permet de son propre chef d’inviter le Crédit Agricole, et se fait finalement « féliciter par le président du COTI3 pour « son travail de négociations qui bénéficiera à tous les jeunes », ou pas…
Dormez tranquille, l’avenir de nos fermes est bien gardé.
* : source MSA
1 : Point Accueil Installation-Transmission des Pyrénées Atlantiques
2 : Dotation Nouveau et Jeunes Agriculteurs
3 : Comité d’Orientation Transmission Installation