Après les événements sanglants de ces trois derniers jours, des responsables politiques, du Parti socialiste au Front National, débutent leur offensive sécuritaire à travers une sémantique particulière. Du « nous sommes en guerre » de François Bayrou, au « la guerre a été déclarée » de Nicolas Sarkozy jusqu'à « la guerre contre le terrorisme » de Manuel Valls, l'offensive sémantique est déclarée. Si la liberté d'expression, la liberté de la presse et le droit au blasphème ont été mis à mal comme jamais en France, non, nous ne sommes pas en guerre.
Agrandissement : Illustration 1
A travers ces déclarations anxiogènes, c'est l'après 11 septembre qui se reproduit. Cet après 11 septembre qui avait véritablement conduit à la guerre, en Irak, en Afghanistan. Cet après 11 septembre qui n'avait conduit qu'à la division, qu'au racisme et qu'à l'état de guerre permanent. Cette stratégie sémantique n'est pas sans intention, cette stratégie sémantique ne répond qu'à un seul objectif de la part de ces responsables politiques : se dédouaner. Ces attentats ne sont-ils pas la conséquence de plusieurs décennies de politique d'exclusion ? Ces attentats ne sont-ils pas la conséquence de plusieurs décennies de terreur ? Si ces attentats sont l’œuvre de fanatiques, ils sont aussi la conséquence de l'abandon, et au-delà de l'exclusion d'une partie des français. Ces français qui, chaque jour, vivent la politique sécuritaire opérée dans les quartiers. Ces français qui chaque jour vivent le racisme et la répression permanente. Pourtant, qui a mis en place ces politiques sécuritaires si ce n'est Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Manuel Valls et ceux qui ont gouvernés ces dernières années ? L'idée de la France en guerre émise par ces derniers est évidemment une tentative de diversion et de déresponsabilisation de leur part.
En se justifiant par la menace terroriste ou par l'insécurité grandissante, les gouvernants ont accentué l'état de guerre et d'exclusion permanent. Cette politique de psychose collective, renforcée par des années de déclarations racistes dans les médias, est la source du fanatisme, de l'intégrisme et du terrorisme. En mettant sur la touche des milliers de français, comment s'étonner que certains d'entre-eux puissent être convaincu par les théories destructrices qui sont celles des intégristes ? Comment s'étonner que la haine apparaisse ?
Alors aujourd'hui, si nous sommes tous Charlie, nous ne sommes pour autant pas en guerre. Nous ne pouvons tomber dans le piège du renforcement sécuritaire. La psychose collective, qui à déjà débutée suite aux événements de ces trois derniers jours, doit être combattue. La vigilance doit être de mise quant aux propositions de renforcement de l'arsenal juridico-policier visant à combattre le terrorisme. La guerre permanente doit être désamorcée.