Ce dimanche, Bernard Cazeneuve, Ministre de l'intérieur, recevait ses homologues européens et d'Amérique du Nord. L'objectif de cette « réunion européenne et internationale sur la lutte contre le terrorisme » ? Continuer, sur le plan international, l'offensive communicationnelle. L'image est forte. Durant la conférence de presse, les treize ministres se tiennent groupés derrière Bernard Cazeneuve. L'unité est affirmée. Pourtant, derrière la simple opération de communication, les ministres présents réaffirment leur volonté de lutter contre le terrorisme… à tout prix.
Parmi les annonces, le renforcement de la coopération européenne dans la lutte contre les départs de djihadistes, le renforcement du contrôle des ressortissants européens aux frontières extérieures, la lutte contre « l'usage dévoyé d'internet par les filières terroristes ». Autre annonce, la volonté d'échanger les PNR (personal name record), autrement dit les données personnelles des passagers aériens, entre pays européens. Autant de mesures qui, au-delà de permettre de combattre les quelques terroristes en devenir, nous atteignent tous directement et remettent en cause nos propres libertés. La lutte contre le terrorisme ? Oui, mais à quel prix ?
Sur Twitter, dans ses tweets de la conférence de presse, le compte du ministère de l'intérieur utilise le hashtag #LaFranceEstCharlie ; comme pour mieux justifier le recours à ces mesures liberticides. Mais non, la France qui attaque les libertés individuelles pour répondre au terrorisme n'est certainement pas Charlie.
Les conséquences des événements des trois derniers jours sur le plan sécuritaire étaient à craindre : l'attaque des libertés individuelles fondamentales. Mercredi soir, sur Mediapart, Christine Lazerges, Présidente du Conseil National Consultatif des Droits de l'Homme exprimait déjà cette crainte : « Il faut dire haut et fort que si lutter contre le terrorisme c'est diminuer le degré de nos libertés fondamentales, c'est exactement l'erreur manifeste à ne pas commettre ».
Alors que les terroristes visaient la liberté d'expression, nous leur répondons en mettant en cause nos libertés les plus chères. Messieurs les Ministres de l'intérieur, les terroristes vous remercient.