C’est un peu le credo de Jupiter, le Président. D’ailleurs plus le temps de ses années de gouvernance avance, plus il y a mimétisme avec cette figure mythologique démiurge. Pour le vérifier, il suffit de se référer aux résultats des dernières élections législatives chargées de donner une nouvelle configuration à l’Assemblée Nationale. Alors que le camp présidentiel avait axé toute sa campagne sur le ni Nouveau Front Populaire (NFP), ni Rassemblement National (RN), à grands renforts de discrédit de l’un et l’autre sur les chaines TV et de radio privées, Renaissance, Les Républicains, le Modem, Horizon n’ont cessé de semer le doute chez les citoyens/nnes en se réclamant dépositaire de l’esprit républicain de droit divin.
Mais rien n’y fit. Le résultat final fût tout autre qu’attendu, avec la victoire sans contestation possible des honnis. Il faut dire qu’ils y furent bien aidés par le mépris témoigné à la contestation des Gilets Jaunes d’une part et d’autre part de l’imposition du recul de l’âge de la retraite aux travailleurs/es par recours à l’inique 49.3. A cela s’ajoute le cadeau de l’impôt sur les grandes fortunes, plus quelques autres dispositions fiscales avantageuses pour les nantis. N’en jetez plus, la cour était si pleine que le NFP sut en tirer profit. Mais à quoi bon, puisque le mot d’ordre, sans cesse martelé par les ânes de l’info en boucle, était : « Ils n’ont pas la majorité ». Mais eux aussi, ceux qui prétendent incarner l’esprit républicain, ne l’avait pas cette majorité. Loin s’en faut et encore moins le RN. Alors qu’est-ce que c’est que cette histoire de faire des alliances pour atteindre une majorité relative ? A ce petit jeu, le camp présidentiel ne manque pas d’atouts. D’abord en cherchant à séduire les hérissons restants des Républicains – leur Président a bien su virer casque pour s’associer à l’ennemi RN – puis en jouant sur la potentielle dissidence PS du NFP, tout requinqué d’ambitions après ses résultats aux européennes puis aux législatives porté par l’effet Glucksmann et Hollande. Il y a bien dans ce giron quelques députés/es prêts/es à se dévoyer pour frayer avec le pouvoir pour un poste de premier ministre ou de quelques autres portefeuilles ministériels. Étant donné que dans le cochon tout est bon, l’esprit boucher-charcutier de la minorité présidentielle le sait bien, en pratiquant le déni « Personne n’a gagné » et en jouant de la carotte et du bâton avec : « Notre responsabilité c’est que les jeux se passent bien. Donc j’ai choisi la stabilité » ou avec la réponse mythique à la candidature de Lucie Castets : « Ce n’est pas le sujet ». Au final de ce coup de sac, il résulte par effet de prestidigitation que les perdants sont les gagnants – les ministres plus en fonction, toujours en fonction et par là même avec le statut de députés n’ont-ils pas fait réélire Yaël Braun-Pivet (220 voix) au détriment d’André Chassaigne (200 voix) – et qu’on reprend les mêmes pour faire la même chose même si celle-ci a été largement rejetées par les français et les françaises.
Léon Meynet