Dans ma circonscription a été désignée comme candidate Nouveau Front Populaire une élue locale connue pour son rapport à l'autre brutal, violent, volontiers menaçant et intimidant. Pas franchement raccord avec les valeurs prônées par le mouvement... Dans le Nord, M. Adrien Quatennens, auteur de violences conjugales, repenti de plateaux télé a également été investi, tandis que certain.es de ses collègues LFI dénoncent "une purge" au sein de leur formation. Ambiance. Sans parler bien sur d'une alliance entre partis dont les représentant.es respectif.ves n'ont cessé pendant de longs mois de se déchirer la gueule au détriment de tout ce que leur base militante défend.
En fait, à gauche, on retrouve les mêmes problématiques qu'à droite : des personnes dont le rapport au pouvoir n'est pas travaillé, défendant leurs petits intérêts égotiques, usant et abusant de procédés aussi élaborés que "c'est pas moi, c'est lui", "c'est lui qui a commencé", "c'est celui qui dit qui est", "miroir, ça revient sur toi", "si je répète quelque chose ça va devenir vrai"...
En fait à gauche, on retrouve des gens qui ne sont pas gentils. Ou on retrouve des gens qui ne sont pas que gentils. Ou on retrouve des gens qui ne sont pas que des gentils. Et quand je dis gentils, j'entends suffisamment bienveillants, réfléchis, responsables, un peu intègres et cohérents, matures, adultes...
En fait à gauche, on retrouve des gens un peu comme nous : parfois égoïstes, auto-centrés, impulsifs, passionnés ou passionnels, médiocres, nuls, moches. Imparfaits quoi.
Je vais quand même voter Nouveau Front Populaire. Non pas parce que je crois que je vais voter pour des gens bien, des modèles de dignité, d'intégrité, de vertu ou d'amour universel. Non, je sais que je vais aussi voter pour des pourris, des vendus, des arrivistes. Des vieux (ou moins vieux) mâles alpha qui s'ignorent, des personnes qui incarnent malgré ce qu'ils et elles pensent et clament, le vieux monde qui n'en finit pas de crever et emporte tout dans dans son effondrement.
Mais avec le Nouveau Front Populaire, je pourrai continuer la lutte. Sans craindre de me faire fracasser la tête en manif, sans avoir peur d'y perdre un œil, ou une main. Je pourrai continuer à faire grêve, ben juste parce que j'en aurai toujours le droit. Accessoirement, j'aurai aussi moins peur d'être malade, parce que j'aurai toujours droit à un arrêt maladie sans perdre une partie de mon salaire, j'aurai moins peur de perdre mon logement si je perd mon boulot parce que j'aurai droit au chômage, j'aurai moins peur d'affirmer et défendre mes convictions sans être attaquée par des fachos destructeurs, tous puissants, avides de haines et de violences, ou taxée "d'anti-républicaine" par des fachos-compatibles, dont les certitudes réduisent leur capacité à penser au stade de celui d'un organisme uni-cellulaire.
Contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, le capitalisme n'est pas la fin de l'histoire. Un mouvement unitaire à gauche non plus.
Mais un mouvement unitaire à gauche victorieux, représentant majoritaire dans le pays, ce pourra être, enfin!, le début de la lutte pour vraiment autre chose.