Ce matin, je me suis réveillé avec la gueule de bois alors que je n’ai pas bu une goutte d’alcool. On l’a beaucoup théorisé. On en a beaucoup parlé. On l’a parfois annoncé trop tôt et trop vite.
Mais depuis hier soir, la chose est inéluctable, et je suis profondément attristée. La France a éteint ses Lumières une nouvelle fois.
Voir le barrage républicain céder, sous mes yeux, cela m’a fait quelque chose, je ne vais pas vous mentir. Il n’y a que ce que nous aimons profondément qui peut nous blesser autant.
Vous savez, j’ai grandi en lisant Zola, Blum, Jaurès et Briand. Mon père était ouvrier malgache, mais grâce à beaucoup de chance, il est devenu enseignant français. Il a donc mis un point d’honneur à me transmettre cette culture qu’il a apprise sur le tard, et qu’il a toujours admirée.
En grandissant, c’est très vite en la personne de Jean-Luc Mélenchon que j’ai retrouvé ces valeurs d’humanisme et d’universalisme. Dès mes 12-13 ans, il a su me faire vibrer. Et j’ai grandi en me disant que je serais toujours Français car j’aime notre laïcité, celle qui consiste à autoriser les désaccords et le débat, pas celle qui veut neutraliser nos compatriotes musulmans et qui abhorre les femmes voilées. J’aime notre liberté, celle qui fait notre dolce-vita, pas celle qui est sécuritaire et factice. J’aime notre égalité inconditionnelle, celle qui a pris fin hier soir au profit de la préférence nationale-ethnique.
La victoire idéologique du RN est totale. Pour une fois, le petit entre-soi du monde politique et dles éditocrates parlent d’une même voix. Les corps étrangers, après avoir été toujours exploités et humiliés, seront virés du système immunitaire français avec plus de force que la Covid. Les virus n’étant pas racistes, nous payerons tout de même le prix sanitaire de nos folies racistes. Toujours est-il que la préférence nationale lepéniste est Loi. La République est vaincue.
Loin est le temps où être un Révolutionnaire faisait de nous un Français. Loin est le temps où être un Résistant faisait de nous un Français. Il n’est plus question de communauté de valeurs, il est question de pureté raciale pour bénéficier des mêmes droits, et de la même humanité que les autres.
Choc et souffrance ne riment pas avec naïveté pour autant. Nous connaissons les responsables de nos maux. Ce barrage a cédé en raison de l’indifférence générale s’agissant de la gestion sécuritaire et raciste de Mayotte. Cela fait longtemps que les aides sociales et le droit du sol y ont été attaqués dans l’indifférence générale. Comme Hannah Arendt le disait déjà, les colonies sont toujours le laboratoire du pire, et ce pire se retrouve inévitablement importé à terme dans la métropole. Ce barrage a aussi cédé en raison de toutes les fois où la Macronie a souhaité glorifier Pétain et Maurras, et minimiser le racisme dans notre pays. Je ne parlerai pas de LR, ils sont insignifiants et il n’y a plus à faire de différence entre eux et l’extrême-droite.
La gauche porte elle-aussi une lourde responsabilité. Non, je ne parle pas de la motion de rejet préalable n’en déplaise aux commentateurs politiques aux ordres du pouvoir. Comme si les débats pouvaient aboutir à une alliance entre la gauche et les macro-lepénistes.
Les vrais marchepieds du fascisme, c’est François Hollande qui a réhabilité la notion Pétainiste de déchéance de nationalité. Et c’est le PS, EELV, et le PCF, toutes les fois où ils se sont drapés de leur pureté morale pseudo-républicaine qui n’avait de couleur et de goût que leur embourgeoisement parlementaire. Il faut les comprendre. Mélenchon braille trop fort pour eux. LFI, opposant politique premier du Gouvernement, est dans la conflictualité permanente, et ça c’est très grave Mesdames et Messieurs.
Faut-il comprendre que c’est un mal de ne pas être dans la compromission et la trahison permanente comme eux ? Leur résultat politique est pourtant visible par toutes et tous : désormais, c’est le fascisme qui gouverne programmatiquement ce pays.
Mon message final sera par conséquent à la destination de cette gauche dite « modérée » ou « de gouvernement », car elle reste notre seul interlocuteur dans l’Hémicycle : nous vous regardons. Nous sommes tous des enfants d’immigrés. Agissez en responsabilité, et construisons un front antifasciste véritable autour du programme de la NUPES et de la figure de Jean-Luc Mélenchon. Vous n’aurez pas sa peau, mais vous aurez celle de la République avec vos chamailleries.
Ou alors, entre vos séances de booty twerk, finissez donc dans les poubelles de l’histoire avec Doriot, Laval, et Valls. Personne ne sera là pour vous repêcher cette fois. La gauche de droite, dont Macron reste l’enfant chéri, a vocation à sombrer, comme a sombré la gauche esclavagiste en son temps.