Les 1, 2 et 3 septembre, ce sera le premier « week-end d’intégration » féministe, organisé à la Cité Fertile (Pantin, 93) par le groupe Egaé, En avant toutes, Stop Fisha, Handsaway, Consentis, et l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles. Cette initiative unique vise à faire de la lutte contre les violences et cyberviolences sexistes, discriminatoires et sexuelles dans l’enseignement supérieur un enjeu incontournable de la rentrée.
Les enquêtes, les baromètres et les sondages réalisés par les institutions ou les associations le confirment : dans les universités, campus, événements festifs, etc. les étudiant·es sont victimes de violences au cours d’une période pourtant cruciale d’entrée dans l’âge adulte et de définition de projets de vie.
La vague de hashtag #SciencesPorcs, la plateforme Paye ta fac ou encore le MetooFacetLycée ont permis de faire entendre une parole des étudiant·es, témoins ou victimes. Ces mouvements ont montré que les étudiant·es sont particulièrement exposé·es aux violences et cyberviolences et que les mécanismes de lutte mis en place sont encore insuffisants.
Dans les universités, il existe des cellules d’écoute, obligatoires depuis 2018, mais elles ne sont pas toujours suffisamment connues. Les personnes chargées de ces cellules ne disposent pas toujours du temps nécessaire pour mener cette mission et manquent parfois de formation.
Dans l’enseignement supérieur perdure une culture patriarcale. Des propos sexistes fréquents de la part des étudiant·es mais également des enseignant·es ou personnels en contact des étudiant·es, des violences sexistes et sexuelles dans la vie sociale avec les étudiant·es du campus ou lors d’événements ou des rites étudiants (bizutage, week-end d’intégration, soirées BDE, etc.). Ces violences existent également lors de l’entrée dans la vie professionnelle, la recherche de stage ou de logement ou lors des premières relations affectives ou sexuelles.
Existent autour de la vie étudiante de nombreux moments et lieux où s’exercent ces violences, qu’elles soient internes au campus ou de l’extérieur. Ces espaces sont souvent poreux, les dispositifs de prévention des violences y sont peu structurés, accentuant ainsi la vulnérabilité des étudiant·es et rendant difficile la dénonciation, par crainte de ne pas obtenir le diplôme visé, de ne pas avoir accès au logement étudiant, de perdre ses droits, ou encore d’être isolé·e.
Aujourd’hui encore, un sentiment d’insécurité et parfois d’impunité existe ainsi dans de nombreux établissements. Il dégrade la qualité de la vie de certain·es étudiant·es, a des impacts sur leur santé, leur bien-être, leur vie scolaire. Les multiples répercussions de ces violences sur la scolarité et la santé des victimes sont graves. Elles nous concernent toutes et tous.
Les solutions existent pour améliorer la prévention des violences et la prise en charge de celles-ci. Intégrer lors de l’accueil des étudiant·es et du personnel scolaire des sensibilisations obligatoires, permettre à l’ensemble de la communauté de l’enseignement supérieur de se former, développer des campagnes régulières de communication et des actions de prévention lors de soirées ou des week-end étudiants, créer des protocoles de prise en charge des victimes et de traitement des cas, traiter 100% des alertes et des signalements qui remontent, etc. Ces mesures, qui sont pour la plupart rappelées dans le plan national d'action contre les violences sexistes et sexuelles dans l'enseignement supérieur et la recherche lancé en octobre 2021 par le gouvernement, peuvent faire partie de plans de prévention pluri-dimensionnels, mis à jour chaque année afin d’améliorer la prise de conscience. Le message envoyé aux étudiant·es doit être : “ici, on vous prendra au sérieux et votre parole sera entendue” plutôt que “c’est compliqué” ou encore “c’était lors d’une soirée, cela ne nous regarde pas”.
De nombreuses associations ou structures sont dédiées à prévenir et sensibiliser contre ces violences et cyberviolences. Ce sont les meilleures alliées des institutions qui souhaitent faire de la lutte contre les violences une priorité.
Parce que nous souhaitons faire de la lutte contre les violences et cyberviolences sexistes, discriminatoires et sexuelles l’enjeu prioritaire de la rentrée universitaire 2023, nous proposons du 1er au 3 septembre, une autre manière de se rencontrer, d’échanger et de se former. Une alternative festive et bienveillante, qui correspond aux besoins et aux réalités des étudiant·es.
Ce week-end d’intégration féministe sera l’occasion de se rencontrer, lutter et danser. Un moment joyeux pour se rassembler et préparer collectivement une belle rentrée.
Se rencontrer, car parfois, nous nous sentons seul·es à batailler contre les violences dans nos universités ou grandes écoles. Cet événement sera l’occasion de rencontrer d’autres féministes qui s’engagent, de discuter, d’apprendre et pourquoi pas de monter des actions communes.
Lutter et se former, car trop souvent les acteur·ices de l’enseignement supérieur se sentent démuni·es et en manque d’outils. Nous parlerons lors de ce week-end prévention, prise en charge et obligations des établissements.
Danser, pour le plaisir et parce que la lutte sans la joie, ce n’est pas vraiment la lutte.
Vous venez ?
Signataires :
Anne BÉRÊTS, présidente d’En avant toute(s)
Aurélie GARNIER-BRUN, directrice du développement d’En avant toute(s)
Carine TORSET, millitante féministe, consultante-formatrice au groupe Egae et présidente d’HandsAway
Caroline De Haas, militante féministe et directrice associée du groupe Egaé
Charline MARTIN-RAMELLI, directrice générale HandsAway
Chloé Nahon, activiste féministe dans le pôle communication de Stop Fisha
Clémentine ROUL, militante féministe, juriste et coordinatrice des actions de prévention chez Consentis
Elisa AUBIN, militante féministe et responsable de l’organisation du Week-end d’inté féministe pour le groupe Egaé
Gaëlle BERTON, militante féministe, juriste et Secrétaire générale à l'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur
Julie Lalloué, militante féministe, coordinatrice de Consentis
Laura PEREIRA DIOGO, militante féministe, cofondatrice de StopFisha et membre d’HelpYoung86
Lisa GAUVIN-DRILLAUD, activiste féministe et co-fondatrice de l’association Stop Fisha
Louise DELAVIER, directrice des programmes d’En avant toute(s)
Léa ARGUEL, présidente d’En avant toute(s) Lab
Léonor GUÉNOUN, militante féministe et consultante-formatrice au groupe Egaé
Mélanie EMERICH, co-fondatrice de l’association Stop Fisha
Thomas HUMBERT, co-fondateur et directeur général adjoint d’En avant toute(s)
Vassilia MATTEI, militante féministe et cheffe de projets chez HandsAway
Ynaée BENABEN, co-fondatrice et directrice générale d’En avant toute(s)