LA DESINVOLTURE N'EST PLUS CE QU'ELLE ETAIT !
Les Editions MIALLET-BARRAULT annoncent la publication du dernier livre de Philippe JAENADA :
La désinvolture est une bien belle chose, qu'elles présentent ainsi sur leur site :
Tandis qu’au volant de sa voiture de location, il fait le tour de la France par les bords, Philippe Jaenada ne peut s’ôter de la tête l’image de cette jeune femme qui, à l’aube du 28 novembre 1953, s’est écrasée sur le trottoir de la rue Cels, derrière le cimetière du Montparnasse. Elle s’appelait Jacqueline Harispe, elle avait vingt ans, on la sur nommait Kaki. Elle passait son existence Chez Moineau, un café de la rue du Four où quelques très jeunes gens, serrés les uns contre les autres, jouissaient de l’instant sans l’ombre d’un projet d’avenir. Sans le vouloir ni le savoir, ils inventaient une façon d’être sous le regard glacé du jeune Guy Debord qui, plus tard, fera son miel de leur désinvolture suicidaire.
Je n'ai jamais lu Philippe Jaenada, et ne sais pas exactement sa responsabilité dans la présentation ci-dessus, mais en tout cas ce titre est une bien vilaine chose, et bien désinvolte, au regard du propos indiqué. Et la dernière phrase monstrueuse de cette notule, l'auteur l'a tout de même acceptée.
Pour toutes les personnes qui s'intéressent à cette époque et à tous ces "moineaux", jeunes gens et jeunes filles qui fréquentaient "Chez Moineau", ce "café de la jeunesse perdue", comme Patrick Modiano, qui a donné ce titre à son livre en citant sa source chez Guy Debord, lisez Mension, La Tribu, chez Allia, lisez Œuvres de Guy Debord (Quarto/Gallimard), voyez son film Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps et son dernier film In girum imus nocte et consumimur igni. Consultez Love on the left bank de Ed van der Helsken, lisez Mémoires de Boris Donné chez Allia...
Lisez même d'abord la notice de Wikipédia consacrée à "L'Internationale lettriste", rigoureuse et précise, et contient cette notule consacrée à Jacqueline Harispe :
- Jacqueline Harispe (dite Kaki). Sœur cadette de Guitou, future femme d’Henry de Béarn. Leur père, Michel Harispe, né en 1905, ingénieur électricien de profession, cagoulard avant-guerre et membre après l’armistice de 1940 du groupe collaborationniste M.S.R., sera condamné à mort en 1948 pour trahison et mourra en prison, leur mère étant elle décédée avant 1950. Les deux sœurs sont élevées par leur grand-mère puis seules 7, rue Le Goff dans le 5e. Patrick Straram est un des meilleurs amis de la cadette, Kaki, d’une beauté fascinante et qui fut un temps mannequin chez Dior. Mais sa vie de bohème où la drogue prend une place de plus en plus importante la conduit le 28 novembre 1953, à enjamber la fenêtre de sa chambre d’hôtel pour se jeter du troisième étage dans le vide. Elle avait juste 20 ans et sa mort attriste tous ses proches et notamment Guy Debord qui réalisera à sa mémoire une très belle Métagraphie qu’il intitule Mort de J.H. ou Fragiles Tissus (en souvenir de Kaki), l’inscrivant à jamais dans la légende de l'Internationale lettriste.
La Métagraphie de Guy DEBORD Mort de J.H. ou Fragiles Tissus (en souvenir de Kaki) se trouve facilement visible sur internet