Stupeur en Haute-Marne, sidération, incompréhension ! Jusqu'à provoquer la division au sein du groupe LR au Conseil départemental, Nicolas Lacroix a surpris les Hauts-Marnais en leur annonçant que l'Office national des forêts allait examiner les arbres des bords de voierie départementale pour les abattre : "Ces 4 000 arbres sont plantés sur les accotements des routes du réseau prioritaire du département, soit 750 kilomètres", précisait M. Lacroix sous-entendant qu'ils sont dangereux.
Le bon docteur forestier craignait, donc, des chutes d'arbres en mauvaise santé sur la chaussée et fustigeait les dommages des racines des arbres au macadam en ironisant ainsi : "Des arbres entourés de couronnes de fleurs, je ne suis pas sûr que ce soit bien". Une ligne de défense intenable pour l'association Prévention routière, favorable aux arbres des bords des routes, au motif qu'ils rendent le tracé de la chaussée plus lisible, donnent "des repères de distance". Mieux, il est prouvé par le Centre d'étude et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA) que les alignements d'arbres font lever le pied aux conducteurs automobiles notamment «après une séquence où le paysage est très ouvert. Une séquence avec un alignement d’arbres constitue un moyen efficace de lui faire reprendre une attitude plus attentive».
Les associations comme Nature Haute Marne, Belles forêts sur Marne et la Ligue pour la protection des oiseaux demandent du temps pour ne pas commettre l'irréparable au moment où la Haute-Marne est l'un des départements les plus concernés par le changement climatique. Les sécheresses à répétition qui menacent déjà les sylves du jeune Parc national des forêts (localisées en partie sur le département) risquent d'avoir des conséquences majeures sur la vie des habitants.
Citée par Reporterre, Chantal Fauché, présidente de l’Association pour la protection des arbres en bord des routes (Asppar) abonde : « Un accident est multifactoriel. Avant que la voiture ne le touche, il y a souvent autre chose : de l’alcoolémie, un défaut de frein, de l’endormissement. En fermant le champ visuel des conducteurs, la présence d’arbres d’alignement peut par ailleurs inciter les conducteurs à ralentir" défend-elle. Elle peut également les aider à mieux identifier le contour de la route en cas de brouillard. « L’arbre a sa place en bord de route. C’est avant tout sur le comportement de l’automobiliste qu’il faut travailler pour éviter les accidents. »
Les internautes se fâchent et se lâchent aussi. Certains grincent : "Les arbres, haies, immeubles, maisons et toutes constructions dangereuses, doivent être rasées sans faiblesse." D'autres ajoutent : "Si le véhicule heurte l’arbre, c’est la faute de l’arbre ? Et les fossés au bord des routes, si un véhicule s´en prend un, c’est la faute au fossé? Comblons les fossés !" Une autre cingle : "Les arbres ne sont pas responsables des décès sur la route. Parfois ils protègent d'une chute dans le ravin (ici chez moi......depuis qu'ils ont coupé les arbres, il n'y a pas de sécurité, c'est devenu super dangereux, nous habitons en bas d'une pente et nous ne nous sentons plus en sécurité". L'ironie n'est pas mauvaise conseillère. A la manière d'un Coluche, l'un lance : "Il faudrait expliquer aux arbres d'arrêter de se jeter sur les voitures". Un autre s'étonne : "Et quand des dizaines d'enfants se noient dans les piscines chaque été, on les interdit ?"
Celui-ci encore : "Si 10% des personnes tuées lors d'un accident routier occupaient un véhicule ayant heurté un arbre", ben, fallait rester sur la route ! On a appris il y a deux jours, qu'un conducteur a tué quatre personnes sur un trottoir : Que dit-il, alors ? La faute aux piétons qui auraient dû être ailleurs ? Et il n'y a pas que les automobilistes, les cyclistes aussi ont leur mot à dire : "Les arbres donnent de l'ombre !"
Mardi 13 février 2024, Nicolas Lacroix a rétropédalé en faisant porter peu élégamment le chapeau au Journal de la Haute-Marne trois jours plus tôt (p. 4). Le quotidien avait rapporté ses propos sur un « abattage massif de 3 500 arbres situés en bord de routes départementales ». Sur X, le président ose : "Contrairement à ce que certains ont affirmé, ce ne sont pas 4 000 arbres qui seront abattus, mais 4 000 arbres qui seront diagnostiqués ». Echaudés par cet homme politique LR aux coups de sang bien connus, les Hauts-Marnais ne se contenteront pas de cette volée de bois vert médiatique. Et certains sont prêts à s'enchaîner aux arbres s'ils venaient à être massacrés à la tronçonneuse.
--------------------
Rejoignez le groupe Facebook : https://www.facebook.com/groups/lesarbresdesroutesenhautemarne
Signez la pétition citoyenne demandant une transparence totale sur le "plan d'abattage massif d'arbres tueurs" en Haute-Marne : https://chng.it/wQWX42Rpvv