Sous le régime de Vichy, 45 000 internés ont été abandonnés à la mort dans les hôpitaux psychiatriques français. Un seul lieu échappe à cette hécatombe : l’asile d’un village isolé du centre de la France.
À Saint-Alban-sur-Limagnole, soignants, religieuses et malades oeuvrent ensemble à la survie de tous pour tous. Sur fond de résistance active, les psychiatres Francesc Tosquelles et Lucien Bonnafé font de cet hôpital un lieu central de la lutte clandestine, offrant l’asile aux réfugiés parmi lesquels le poète Paul Eluard et sa compagne Nusch. À contre-courant de l’idéologie mortifère qui s’abat sur l’Europe, les médecins entraînent toute une communauté dans l’élaboration d’une nouvelle conception de la psychiatrie et de l’accueil de la folie. La lutte clandestine se transforme en lutte contre toute forme d’oppression et d’enfermement et l’hôpital de Saint-Alban donne naissance au movement de psychothérapie institutionnelle qui révolutionne la psychiatrie après-guerre. De nombreux médecins viennent s’y former, parmi lesquels Jean Oury et Frantz Fanon.
Grâce aux bobines de films amateurs et autres archives retrouvées dans l’hôpital, le film nous plonge, sur plusieurs décennies, dans l’intensité d’un quotidien réinventé, au plus proche de ceux qui l’ont vécu et de ceux qui y ont créé les oeuvres comptant, aujourd’hui, parmi les plus renommées de l’art brut. Alors que le soin psychiatrique et le droit à l’asile sont de plus en plus menacés, Les Heures Heureuses témoigne d’une aventure collective et intellectuelle majeure où courage politique et audace poétique ont ouvert la voie à une humanité retrouvée.
