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Billet de blog 12 avril 2014

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Non, les journalistes ne passent pas leur temps "à tout déformer" (réponse d'une jeune journaliste)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Suite à nos différentes publications, une jeune journaliste de presse locale a eu envie de nous répondre. Nous l'en remercions. Ce qu'elle écrit nous semble, de plus, fondé. Il faut en effet faire la part des choses dans les "insatisfactions": certaines sont justifiées (manipulations flagrantes, déficit de temps de parole...), d'autres non. Le drame est, cependant,  que quand les rectifications ou les droits de réponse sont justifiés, il faille se battre pour qu'ils paraissent... alors que cela devrait être automatique. 

Merci à elle d'être intervenue avec sincérité et franchise. Nous sommes pour le débat et l'échange d'idées. Notre position est claire: le journalisme est un métier... Certains journalistes s'égarent parfois, il faut simplement qu'ils aient l'humilité de le reconnaître et d'accepter le dialogue.

Amicalement,

Les Indignés du PAF (@indignEsDuPAF, lesindignesdupaf@gmail.com, www.lesindignesdupaf.info)


Non, les journalistes ne passent pas leur temps "à tout déformer" 

On accuse souvent les médias de déformer les propos de leurs interlocuteurs. A la sortie de l'école, quand on me balançait ça à la figure en reportage, je pestais contre les "mauvais" élements de notre profession, difficile ensuite de passer derrière.

Mais aujourd'hui je me rends compte que les choses sont beaucoup moins manichéennes et que ces critiques n'ont parfois aucun fondement!

Par exemple, c'est un candidat FN qui passe la moitié de sa conférence de presse à critiquer ses adversaires et quand nous signalons juste qu'il a taclé les listes concurrentes," ses propos sont déformés". Derrière la critique, se cache une stratégie de communication bien organisée. A chaque article, il faut pouvoir réclamer un rectificatif car un rectificatif ce sont des lignes de plus dans le journal pour faire entendre ses idées.

C'est aussi un homme qui exige de relire le papier avant parution sinon "il va faire un scandale à la préfecture". Vexé (car nous refusons de céder), il nous harcelera le lendemain, car nous n'avons pas relevé un détail de la conférence de presse. Il sera incapable de signaler des inexactitudes ou des citations mal retranscrites dans l'article mais cela ne l'empêchera pas de crier haut et fort que les journalistes déforment tout le temps ses propos.

Des exemples j'en ai des dizaines. Je crois qu'il faut aussi prendre du recul sur la critique des médias.

Des mauvais éléments, il y en a dans toutes les entreprises et personne n'est à l'abri d'une erreur. Mais au quotidien, j'ai toujours côtoyé des collègues très consciencieux. C'est trop facile et trop naïf de croire qu'il y a d'un côté les "mauvais journalistes qui déforment tout" et de l'autre les victimes (nos interlocuteurs). Pour ma part, je suis plutôt lassée de subir des critiques injustes alors que je fais mon travail du mieux possible, juste parce que les personnes interrogées auraient voulu relire avant parution, faire pression et contrôler la teneur de l'article.


 Pour mémoire, deux billets que nous avons publié récemment sur des questions voisines: 

"Lettre à celles et ceux qui se battent pour l'information!": constater, débattre, proposer, construire...

http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/120214/lettre-celles-et-ceux-qui-se-battent-pour-linformation …

"Continuez... mais changez!"

http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/191113/continuez-mais-changez

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