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Billet de blog 20 août 2013

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« Quelles stratégies de survie pour les pure-player français ? » Compte rendu Master Class Ecole de Journalisme de Sces Po

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« Quelles stratégies de survie pour les pure-player français ? » - Compte rendu Master Class Ecole de Journalisme de Sces Po

9 novembre 2012, 10:34

Compte rendu  

Ecole De Journalisme de Sciences Po:  « Quelles stratégies de survie pour les pure-player français ? »

Master class de Nicola Bruno et Rasmus Kleis Nielsen, chercheurs pour le Reuters Institute, Jeudi 8 novembre de 18h00 à 19h30

Le rapport complet (en anglais) :

http://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/publications/risj-challenges/survival-is-success.html

Compte rendu de la Master Class par les élèves de l’Ecole de Journalisme :

http://www.journalisme.sciences-po.fr/art/1698/1

Introduction par Alice Antheaume (EDJ-  Sciences Po):

Les chercheurs ont constaté en France un nombre de Pure Players beaucoup plus important qu’ailleurs en Europe… Ils font la comparaison avec la Nouvelle Vague, quand les Claude Chabrol, François Truffaut et autres se sont emparés du cinéma avec beaucoup de liberté et de légèreté. Cette exception a cependant contribué à fragiliser un secteur naissant où les principales sources de financement, la publicité et le public, n’avaient pas encore leurs repères.

Intervention de Nicola Bruno et Rasmus Kleis Nielsen

Dans leur introduction, les intervenants parlent d’une spécificité de la presse française où les règles d’impartialité ne sont pas clairement respectées et où règnent les conflits d’intérêts. Il n’y a pas en France de « He said/ she said » comme aux EU. (NDLA: j'ai pu faire une erreur de traduction)

Les Etats-Unis :

Le marché aux Etats-Unis est tellement vaste et important qu’on ne se rend pas compte, vu de l’extérieur, de la crise qui y a frappé la presse. Mais cette crise a bel et bien fait des dégâts, même si les survivants existent et rayonnent.

En Europe : la question de l’échelle 

Ex. du Danemark : trop petit pour pouvoir y construire les conditions économiques de la viabilité d’un pure player (NDLA: et les pure players français hyper locaux comme leDijonScope ?)

En Allemagne :

Marché assez différent de la France au niveau des médias. Une presse régionale forte, une presse nationale forte aussi mais moins nombreuse. Des lecteurs fidèles, attachés à une presse dans laquelle ils font confiance.

Netzeitung.de :

Créé en 2001, en parallèle avec l’édition papier, avec des articles qui reprenaient bon an – mal an les mêmes infos.

Il n’a pas été capable de se diversifier pour trouver des sources de financement : la publicité n’a pas suffi et a disparu depuis.

PerlenTaucher.de:

Sur une niche, avec une NewsRoom très réduite (4 permanents), fait un travail d’agrégation de blogs.

TheEuropean.de :

Sorte de magazine d’opinion en ligne qui fonctionne avec 3 / 4 gros annonceurs seulement. C’est plus du sponsoring…

En Italie :

Quelque part assez identique à la France, avec une presse dont la structure capitalistique ressemble à la France… et provoque la même suspicion. Mais, sur le plan du net, les choses sont radicalement différentes : il y a très peu de pure-players. Ils sont apparus en 2007 et n’ont pas encore trop de lecteurs.

IlPost.it :

« super blog » traitant de tout avec un peu d’agrégation et 6 personnes à la News Room. Traffic très faible : 40.000 visteurs / jour. De le pub en CPM

Lettera43.it :

Global news website, de type « quotidien ». 20 permanents à la NewsRoom.

Des coût de fonctionnement très élevés.

120.000 visiteurs/ jour au bout de 6 mois.

LInKiesta.it :

Le plus sérieux qui essaie d’être indépendant… 80 actionnaires qui ne peuvent pas posséder chacun plus de 5%. Problème : très peu de trafic

Un système de PayPal non obligatoire : les gens paient plus pour aider.

"Comme vous le savez, pour la presse italienne, il y a le même problème qu’en France question indépendance".

La France :

Du point de vue des journaux, la situation est un peu similaire à l’Italie. Mais du côté des PurePlayers, c’est complètement différent.

Situation particulière où des « pointures » ont quitté leur média pour se lancer dans l’aventure. Mediapart est le plus gros.

Agoravox :

Né en 2005, a surfé sur la popularité du journalisme au début en créant un site alternatif où les citoyens pouvaient s’exprimer. Ils ont eu l’occasion de profiter du référendum européen en 2005 pour être un vrai lieu de débat (pour le NON) et de l’élection présidentielle de 2007 où ils ont beaucoup parlé de François Bayrou.

Ils se sont développés en Europe (Angleterre + Italie)

2009 : 1.200.000 visites par mois, mais en 2011, la fréquentation avait chuté de moitié.

Agoravox est face à un avenir incertain: restructuration interne, problèmes… Le gros problème a été purement journalistique.

Pour les Pubs, fonctionnaient en CPM : c’était bien en 2005, mais ça ne l’est plus maintenant.

Rue 89 : 

 « l’info à 3 voix :  journalistes, experts, citoyens »

Ont réussi à capter quelque chose à un moment dans le mix général entre les pros et les citoyens. 1 million de visiteurs uniques.

Ils ont développé des services : stages, formations, ont développé une version papier qui a été rentable mais n’a pas duré longtemps. Ils ont perdu beaucoup d’argent et ont été rachetés par le Nouvel Obs. Ce pure player est donc devenu un « impure player » !

Mediapart :

Ont choisi une ligne éditoriale radicale avec de l’investigation agressive, cherchant des SCOOPs. Un gros investissement de professionnels, l’équipe la plus importante de tous, des coûts opérationnels très élevés. Ils ont fait le pari du payant en disant : « notre travail a de la valeur, il est donc normal que nous le fassions payer ». Et ça marche ! Un cas très intéressant dans le paysage médiatique…

Economiquement, c’est difficile sur le marché de la publicité, notamment à cause de Google, Facebook…

Question à l’assistance (composée  dans la très grande majorité d’étudiants en journalisme) : "qui parmi vous paie pour de l'information (en ligne) ?"

Seulement 5! Vous vous rendez compte, alors que vous ambitionnez de devenir journalistes ?

Sources de financement à développer :

Publicité, services (formations, rédactions de documents sur commande et pour l’extérieur…), e-marketing ( ?)

Chercher des formes originales de financements. En France, les subventions existent pour la Presse en ligne.

Conclusion des intervenants:

La Presse du 20ème siècle aura été assez marquée par des dérives et des imbrications politico-industrielles…

Celle du 21ème sera peut-être financée, un peu comme au 19e, par des donateurs privés conscients de l’importance de la profession pour la démocratie…

Mon opinion:

Ainsi donc, pour qu’un « Pure Player » soit viable, il faut du courage (que l’équipe ait du courage et de la volonté), de la confiance (que les lecteurs fassent confiance à l'équipe) et, avant tout de l’information… N’est ce pas ce que l’on appelle, excusez-moi d’employer un mot qui va peut-être choquer: du « journalisme » ?

Master class très intéressante, vraiment. Le fait que ces chercheurs disent et de redisent qu'il y avait un problème d'indépendance des médias en France à ces élèves, le fait qu'ils présentent cela comme une banale évidence,  m'a stupéfait. Nous sommes en plein coeur d'un des premiers centre de formation au métier en France et les intervenants disent, assènent même, que la qualité de l'information pose problème dans notre pays...  

Devons-nous en conclure que tout le monde est d'accord avec ce que sont en train de contruire les Indignés du PAF? ;)

Les Indignés du PAF – lesindignesdupaf@gmail.com

Sur Twitter: @IndignEsDuPAF, sur FaceBook: Les Indignés du PAF

« Appel pour une meilleure qualité de l’information » : http://blogs.mediapart.fr/blog/les-indignes-du-paf/300113/appel-des-indignes-du-paf-pour-une-meilleure-qualite-de-l-information-rendu-public-le-31032

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