Ce mercredi 30 janvier 2013 marquait le 80èmeanniversaire de l’arrivée au pouvoir d’Hitler.
Le tabou Hugenberg
Un homme contribua à l’accession au pouvoir d’Hitler : le député nationaliste Hugenberg, président du directoire de Krupp. Ce fabricant d’armes était également à la tête d’un empire médiatique. En 1931, le Trust Hugenberg comprend plus de 1600 journaux, une agence de presse, une agence de publicité, une maison d’édition, la société de production d’actualités filmées UFA. Hugenberg forme une alliance avec Hitler, qui bénéficie alors d’un formidable outil de propagande. Hitler accède au pouvoir. Nous connaissons la suite de l’histoire.
En 1945, les allemands mettent en place des règles strictes pour empêcher qu’un média puisse à nouveau servir d’outil de propagande. C’est ce que l’on appelle le « Tabou Hugenberg », une loi non écrite qui interdit à tout capital industriel d’investir dans les médias. L’Allemagne dispose ainsi de groupes de médias indépendants, sans conflits d’intérêts.
Les allemands ont confiance dans leurs médias, contrairement aux français. Dans les comparaisons internationales, l’Allemagne est bien classée en matière de liberté d’expression et de liberté de la presse. La France, elle, ne cesse de reculer.
La mainmise sur les medias en France
« Un groupe de presse, c’est capital pour décrocher des commandes » déclare Jean-Luc Lagardère en 1996 (Le Canard Enchaîné). D’autres industriels de l’armement et du bâtiment, dont les activités dépendent également de contrats publics, l’ont bien compris: à Dassault, le groupe Figaro, à Bouygues, la chaîne de télévision TF1. Les hommes politiques ne sont pas en reste. Le sénateur Jean-Michel Baylet est le PDG du groupe «La Dépêche ». Patron de presse, Serge Dassault est également devenu maire puis sénateur. Aujourd’hui, pour l’économiste Philippe Aghion, « les rapports entre politiques, industries et médias tiennent quasiment de l’inceste.»
La liberté des médias : un enjeu démocratique
L’émergence de médias libres est historiquement liée à celle des démocraties car une démocratie requiert une information fiable, critique, pluraliste, accessible à tous. Il est temps d’imiter ce modèle allemand que nos hommes politiques et nos industriels envient tant. Il est temps de légiférer pour interdire à tout homme politique et à tout groupe industriel obtenant des contrats publics de posséder ou d’investir dans un média.
Ce mercredi 30 janvier 2013, la chancelière allemande Angela Merkel invitait les Allemands à considérer l’accession au pouvoir de Hitler comme un « avertissement permanent » pour la démocratie et la liberté : « La liberté ne va pas de soi, et la démocratie ne va pas de soi ». A nous d'être vigilants...
Pour les Indignés du PAF,
Sabine Chevrier
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