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Billet de blog 10 février 2023

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En grève jusqu’à la révolution !

Alors même que l'Assemblée nationale examine la réforme des retraites avec comme date butoir le 17 février avant son entrée en première lecture au Sénat, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation le jeudi 16 février et à un blocage du pays à partir du 7 mars. Les LGBTI sont appelé·e·s à s’organiser lors d’une AG le samedi 18 février à 14h30 au campus Pierre et Marie Curie.

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Il faut gagner, on peut gagner

Les journées de mobilisation ont été de véritables réussites, ce qui nous a montré qu’il était possible de gagner, surtout dans un contexte de crise politique et de niveau d’inflation très élevé. La grève, qui fait perdre de l’argent aux patrons, est donc un élément crucial du rapport de force, c'est notre meilleur outil. Le gouvernement de son côté sait qu’il joue contre-la-montre, alors il nous joue à l’usure. Face à cela, il faut pousser l'intersyndicale à construire une position plus claire et un véritable plan de bataille pour gagner. Car pour l'instant, elle se repose sur l’idée que la réforme est majoritairement refusée par les travailleuses et travailleurs. C’est insuffisant pour gagner et on pourrait croire qu’à force de défaites, les centrales syndicales pourraient quand même se remettre un peu en question. 

Parce que la retraite est une question essentielle car c'est un moment où on sort de l’exploitation et l’aliénation du travail, parce qu’elle esquisse une société solidaire. La retraite, elle est à nous pas question de se la faire voler ! Mais surtout parce que gagner sur les retraites nous permettra de reprendre confiance en nos propres forces : on n’a toujours pas besoin de patrons, ni des flics. Construire la solidarité, c’est aussi refuser le climat raciste, réactionnaire qui fait monter le fascisme qui frappe à la porte depuis un moment et bientôt la défoncera. Alors, il faut gagner ! Le problème c’est qu’on fait face à des difficultés : peu d’AG sur les lieux de travail, aucun secteur ou presque en reconductible. Alors comme on fait ?

Illustration 1
Centre Bus RATP de Belliard - Piquet de grève 2019

Déjà, on se réapproprie la grève !

La grève constitue un véritable outil de prise de conscience collective et de transformation de la société dès lors qu’elle se situe hors du travail et donc hors des activités de production capitalistes et des dynamiques d’oppressions exercées par le patronat. 

Pour nous, les LGBTI, elle compose un moment de discussion qui permet aux un.es et aux autres de témoigner des différentes violences qu'engendrerait cette réforme, de réaliser l’étude d’impact sur notre communauté que le gouvernement ne fera pas. 

L’exclusion du système d’aide social que constitue la famille ; nos carrières hachées par le chômage, le travail non déclaré, la difficulté d’accès aux soins (VIH-SIDA, parcours de transition…), le travail hors emploi pour venir en aide aux personnes issues de notre communauté font de nous une population fortement précarisée par cette réforme.

Le mouvement social contre la réforme des retraites permet de nous poser comme faisant partie de la masse salariale, n’ayant pas le même accès au patronat ni aux mêmes salaires, et de visibiliser les problématiques socio-économiques liées à la question LGBTI. En témoigne le pink bloc qui n’a fait que croître ces dernières semaines, avec un nombre record le samedi 11 février, preuve de la volonté des personnes LGBTI de faire bloc contre cette réforme.

La grève permet de reconstruire des solidarités et nous donne aussi du temps pour penser une autre société, pour se rendre compte qu’on n’a pas besoin de patron, qu’on peut construire autre chose. 

Si les grévistes sont LGBTI, alors la grève est partout

Rétrospectivement, si l’on revient sur la mobilisation contre la loi Woerth (réforme des retraites Sarkozy) de 2010, on retient que malgré un mouvement de grève reconductible, celui-ci s’était concentré sur les secteurs les plus syndiqués (raffineurs, cheminots, EDF) menant à l’essoufflement du mouvement. 

Il est donc impératif que face à cette nouvelle menace d’augmentation de l’âge de la retraite, la mobilisation se fasse dans tous les secteurs d’activités et ne se limite pas à une grève par procuration. La force de la communauté LGBTI réside dans le fait qu’elle s’immisce dans tous les secteurs et est donc en capacité de relayer l’appel à la grève ainsi que ses propres revendications.

Les actions doivent se multiplier en dehors des journées nationales de grève afin de soutenir les grévistes et de mettre la réforme des retraites au cœur du débat public. En effet, l’accumulation des pertes de salaires risque de faire retomber l’élan de lutte. Ceci explique que la mobilisation dans les facs était tant attendue. Le blocage des facs ne constituant pas une perte de revenu pour les étudiant.es, l’ampleur de leur soutien aux grévistes sera déterminant pour maintenir le mouvement mais également pour bousculer l’opinion à l’Assemblée. Durant la semaine passée, s’est mis en route le blocage de l’université Rennes II, apportant l’impulsion nécessaire pour que la jeunesse rejoigne les grévistes par le blocage d’une dizaine de facs en France dont Paris 1 jeudi dernier.

L’un des freins à une mobilisation de masse, reste les secteurs faiblement syndiqués (BTP, la restauration etc.). La création d’Assemblées est un outil puissant pour pallier ce manque mais est encore trop peu employé pour permettre de bloquer toute l’activité économique du pays.

La grève, catalyseuse de nouvelles unions

L’histoire nous l'a montré auparavant avec des mouvements comme « LGSM – Lesbians and Gays Support the Miners » qui sous le régime de Thatcher, avaient collecté 22,500 livres (sans prendre en compte l’inflation), pour soutenir les mineurs et leurs familles lors de la grève de 1984-5. Les mêmes mineurs qui par la suite feront pression au parlement pour faire passer des lois en faveurs de l’égalité entre LGBTI et hétéro.

Cela montre bien que la grève est un moment où la discussion autour des droits sociaux s’étend au-delà de nos cercles de militance habituels. La grève est un lieu particulièrement propice à la convergence des luttes parce qu’elle permet de faire le rapprochement entre les différentes violences subies et les revendications qui en émanent.

Dans un contexte où l’homonationalisme essaye de se présenter en dogme, nous pouvons nous unir à la lutte antiraciste et nous opposer à l’islamophobie. C’est aussi l’occasion d’aller à la rencontre de population de grévistes où l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie ordinaire se fondent dans le décor sans pour autant qu’il y ait de véritable arrière-pensée haineuse afin de reconstruire un front commun. Car une fois cette réforme bloquée, il faudra construire un avenir ensemble qui soit plus représentatif de nos vécus collectifs.

Illustration 2
LGSM au piquet de grève de la centrale électrique de Neadsen, hiver 1984

La grève, une forme de lutte anticapitaliste

La grève, c’est aussi se rendre compte qu’en bloquant l’activité productiviste de l’État, on peut faire valoir nos droits et formuler nos revendications. La grève est en ça un outil profondément anticapitaliste. Gagner contre cette réforme par la grève massive et reconductible, c’est montrer aux patrons que leur privilège peut être mis à mal par un mouvement qui ne s’inscrit pas dans les règles de leur art et pour lequel un simple lobbying sera insuffisant. La grève n’appartient qu’aux grévistes.

Illustration 3

Le Pink bloc se doit d’être présent et massif dans les mobilisations à venir. Dans cette perspective, tou·te·s les trans-pédé-gouines sont appelé·e·s à s’organiser lors d’une AG le samedi 18 février à 14h30 au campus Pierre et Marie Curie (Jussieu).

Illustration 4

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