La santé des individus est influencée par des déterminants sociaux : l'alimentation, le logement, l'éducation, la sécurité sociale, le revenu, l'équité ont un impact sur l’état de santé des individus et en conséquence de nos sociétés. Au contraire, la précarité, les violences, les discriminations, le stigmate, la vulnérabilisation contribuent à entretenir un cercle vicieux dans lequel maladie et altérité se nourrissent mutuellement.
L’extrême droite s’attaque à toutes les subjectivités hors-normes, étrangères, non blanches, féminines, handicapées, pauvres, incarcérées, TDS, et à notre communauté de personnes LGBTI. En particulier, elle s’attaque de manière extrêmement virulente à nos transitions, à nos droits reproductifs, et depuis longtemps à une maladie qui nous touche particulièrement, le VIH/Sida.
Notre communauté a été marquée par l’une des épidémies les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité, celle du VIH. La pathologisation de nos subjectivités, la marginalisation et les discriminations que nous avons vécues ont amplifié l’ampleur de cette épidémie. Nous savons que la matrice hétérocispatriarcale qui veut s’attaquer à nos subjectivités et à notre droit à la santé s’attaquera aussi à celle d’autres subjectivités non conformes.
L’extrême droite, avec ses positions ultra sécuritaires, néolibérales, austères et racistes, porte un projet de « priorité nationale », visant à supprimer l’Aide Médicale de l’État (AME) qui permet aux personnes étrangères de se soigner dans l’attente d’obtenir des papiers. Limiter l’accès aux soins sur la base d’un critère de régularité du séjour est un non-sens en matière de santé publique, mais aussi pour les individus. Et clairement, cette position ne sera que le début d’une révision du système de santé qui promet d'être de moins en moins inclusif et équitable.
Quel que soit le sujet de santé, l'extrême droite est notre ennemie.
VIH Sida, ne reculons pas !

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L'épidémie de VIH a été, pour le mouvement LGBTI, non seulement une réalité tragique par le bilan disproportionné des décès, mais aussi un problème de double stigmatisation : l'ancienne stigmatisation des homosexuels (immoraux, contre-nature, coupables) à laquelle a été ajouté celle de “l’infecteur”.
Cette expérience nous a appris que les LGBTI étaient les premier·ères, voire les seul·es, à s’occuper des membres de notre communauté en tant de crise. La lenteur des pouvoirs publics à agir lors des dernières crises sanitaires (le COVID, mais aussi l’épidémie de variole du singe, limitée principalement par la vaccination massive des pédés pour enrayer l’épidémie) nous a confirmé qu’il était primordial de compter d’abord sur notre savoir et nos compétences en matière de prévention ; les centre de santé spécialisés LGBTI sont souvent nos interlocuteurs principaux quand il s’agit de santé sexuelle.
Si le RN est au pouvoir, pourra-t-on encore compter sur cette santé communautaire, qui repose beaucoup sur des financements publics?
En plus de stigmatiser les séropositif·ves, le RN est le seul parti politique à avoir fait des termes « sida » et « VIH » des éléments de disqualification linguistique de ses adversaires, en traduisant SIDA par « Socialisme Immigration Drogue Affairisme » en 1991… mais également VIH par “Virus Intellectuellement Handicapant” en 2015.
Avec cette rhétorique, les partis d’extrême droite non seulement démontrent leur volonté de renforcer la stigmatisation de notre communauté, mais ils ignorent également délibérément les progrès scientifiques des 40 dernières années et le travail d'advocacy réalisé par la communauté ces dernières années. En effet, les progrès médicaux ont permis de contrôler efficacement l’infection, améliorant la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH et en évitant la transmission du virus lorsque la charge virale est indétectable. Il y a en plus plusieurs stratégies de prévention efficaces qui peuvent être adaptées aux besoins de chaque individu, comme la PrEP. Mais pour continuer dans cette direction de dépathologisation de la séropositivité au VIH, il est nécessaire de continuer à permettre un accès direct, gratuit et durable aux médicaments antirétroviraux, tant en thérapie que pour la PrEP pour toustes. Dans le même temps, nous devons continuer à lutter contre la stigmatisation et l’autostigmatisation, qui sont des facteurs tout aussi importants qui limitent l’accès aux thérapies efficaces disponibles.
Partout dans le monde, l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite signifie la destruction de la santé publique, et encore plus de celle relative à la lutte contre le VIH/sida. En Argentine, Milei a réduit le budget de la santé de 29% en 2024. Il a en particulier amputé le financement du programme dédié au VIH (et aux autres infections sexuellement transmissibles, à l'hépatite virale, à la tuberculose et à la lèpre) de 92 % !
PMA pour toutes et tous !

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Le Rassemblement National appelle à « soutenir une politique nataliste au lieu de recourir à l’immigration », en faisant de « l’institution familiale » la « cellule constitutive du corps social ». Nous en avons assez de la rhétorique fasciste qui voit le concept de famille comme réalisé uniquement dans les liens du sang mais qui, en même temps, bloque l'accès aux services de santé reproductive à toute subjectivité non-conforme de façon plus ou moins explicite. L’accès à la PMA et à la cryoconservation des ovocytes pour les femmes célibataires et lesbiennes existe depuis peu sur le papier mais, déjà maintenant, il a une application réelle très limitée. Nous n’oublions pas que les personnes trans et intersexes n’ont par contre aucun accès aux services de santé reproductive.
Qu’arrivera-t-il à nos droits reproductifs avec l’extrême-droite au pouvoir ? En Italie, parmi ses premières actions, le gouvernement Meloni a invalidé les actes de naissance des enfants de couples lesbiens et depuis quelques mois démantelé concrètement l'accès déjà fragile à l'IVG. Nous exigeons le droit à l’autodétermination et au contrôle de notre corps.
Transition, nos corps nos décisions

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En France, un projet de loi interdisant toute forme de transition aux mineur·es a été voté par le Sénat. Cette offensive transphobe attaque nos droits les plus primordiaux. En ciblant les mineur·es, les réactionnaires accentuent une théorie complotiste qui voudrait que les enfants transitionnent de plus en plus, alors qu’il n’en est rien. L’accès aux transitions, pour les personnes mineures autant que majeures, est fortement limité. Les conditions d’accès à la gratuité et aux chirurgies sont aléatoires et obsolètes.
Fortement psychiatrisés, les parcours de transition sont trop chers. Aucune mesure ne pérennise la transition. Nos hormones ne correspondent pas à nos besoins, elles sont prescrites hors autorisation de marché, sont régulièrement en rupture. Seule l’auto-organisation nous permet d’accéder à l’information et à la dignité que nous méritons.
Dans les mois à venir, l'Assemblée sera appelée à voter un projet de loi visant à empêcher la prescription des bloqueurs hormonaux aux mineur·e·s en transition. Si une majorité de droite et d’extrême droite vote cette proposition, les conséquences seront catastrophiques. En Italie, le gouvernement d’extrême-droite a bloqué en 2024 le remboursement des thérapies hormonales, désormais payées par les personnes trans.
En France, l'accès aux soins (traitements hormonaux, chirurgie d’affirmation mais aussi consultation gynécologique adaptée pour les hommes trans) est déjà précaire et fondamentalement insuffisant pour répondre aux besoins de santé des personnes en transition. Quelle sera la suite?
Stop à la stigmatisation de la santé mentale des pédales

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La stigmatisation structurelle que les personnes LGBTI subissent est associée à de multiples effets néfastes sur leur santé mentale et physique. Les mécanismes potentiels par lesquels la stigmatisation structurelle pourrait affecter les résultats de santé des LGBTI sont nombreux, que ce soit les processus de stigmatisation individuelle ou interpersonnelle (par exemple l'autostigmatisation), les facteurs liés aux soins de santé (accessibilité, discrimination subie en milieu médical), les facteurs psychosociaux (l'isolement social, la physiologie du stress) ou les processus relationnels ou familiaux. Notre communauté est également beaucoup plus souvent victime d’agressions physiques et verbales que les hétérosexuels. Tous ces facteurs s’entremêlent, provoquant différents niveaux de détresse psychologique qui méritent d’être reconnus. Mais surtout cette détresse psychologique doit être prise en charge et traitée à son origine.
Dans une vision globale de la santé des individus, nous souhaitons que la santé mentale soit reconnue au même titre que la santé physique et que donc les outils et les pistes pour l'améliorer soient accessibles et gratuits. Partout où ils sont au pouvoir, les partis d’extrême droite ont démontré qu’ils ne s’intéressent nullement à la santé mentale elle-même ni aux déterminants sociaux qui l’influencent. En Italie par exemple, un projet de loi oblige les femmes qui souhaitent avorter à écouter les battements du cœur du fœtus avant l'intervention.
Quelle que soit la catégorie de santé concernée, l’extrême droite au pouvoir se traduit par un recul des politiques publiques, et ce alors qu’elles sont déjà insuffisantes.
Nous le répétons encore une fois : ce n’est qu’à l’intersection entre les besoins de l’individu et les besoins de la communauté que nous pouvons trouver la clé d’une pleine santé.
Pour une santé juste, communautaire, qui respecte nos subjectivités, la seule solution le 30 et le 7 juillet est le vote NFP (Nouveau Front Populaire) dans un premier temps, et surtout la mobilisation dans la rue !
Face à l’extrême-droite, on est preP à lutter ! Sauve nos culs, prends une procu, prends la rue ! Sauve un PD, va voter, viens manifester !