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Billet de blog 7 septembre 2025

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Qui prend en compte les problématiques spécifiques des lesbiennes ?

Caroline Grandjean ressemblait à beaucoup de ses sœurs lesbiennes. Oui, la lesbophobie tue. Caroline savait que la lesbophobie tue avant son décès et nous savions que la lesbophobie tue avant le décès de Caroline. C’est aussi pour cela que ce drame affecte autant notre communauté. Texte du discours prononcé par Cécile Chartrain, cofondatrice de la LIG, lors du rassemblement en mémoire de Caroline Grandjean.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Créé par des lesbiennes, le fonds de dotation LIG – LIG pour Lesbiennes d’Intérêt Général – a pour objectifs d’aider à financer et décupler les initiatives des lesbiennes, agir pour leur visibilité et leur affirmation individuelle et collective, favoriser la transmission de la culture lesbienne et de l’Histoire lesbienne - Histoire dont Caroline Grandjean fait désormais partie.

Dans toutes les luttes, sur tous les fronts, les lesbiennes contribuent, depuis toujours, à changer la société. Elles s’engagent au sein du mouvement social, y compris pour la défense de droits qui ne les concernent pas directement. Elles choisissent souvent des métiers dans le milieu associatif ou le service public. Elles ont soigné hier leurs copains gays séropositifs, elles soignent aujourd’hui leurs parents et peut-être aussi les vôtres. Elles éduquent les enfants des autres… Mais qui prend en compte les problématiques spécifiques des lesbiennes ? Qui les écoute ? Qui les protège ?

Caroline Grandjean ressemblait à beaucoup de ses sœurs lesbiennes. 42 ans. Deux chiens. Une compagne pour « s’aimer comme des dingues » (ainsi que l’a rapporté sa partenaire Christine, à laquelle nous pensons). Elle avait choisi de dédier sa vie professionnelle à l’enseignement puis de devenir directrice d’école. Elle exerçait son métier avec passion.

Caroline Grandjean était une lesbienne d’intérêt général. Qui l’a compris ? Qui l’a écoutée ? Qui l’a protégée ? Pas les voisins, pas les parents d’élèves, pas la mairie, pas la police, pas la justice, pas l’inspection académique, pas le rectorat, pas le ministère… Qui ?

Oui, la lesbophobie tue. Caroline savait que la lesbophobie tue avant son décès et nous savions que la lesbophobie tue avant le décès de Caroline. C’est aussi pour cela que le drame à l’origine de ce rassemblement affecte autant notre communauté (LGBTQIA) – parce que ce qu’a vécu Caroline fait écho aux violences et aux discriminations que nous avons toustes rencontrées, d’une manière ou d’une autre, dans nos parcours.

Ce ne sont pas seulement les tags insultants, les menaces de mort, le harcèlement, qui nous tuent. Caroline l’exprimait elle-même dans les mois qui ont précédé son suicide : c’est aussi le manque de soutien – et plus singulièrement le manque de soutien institutionnel – qui la « tuait », à petits feux.

Aujourd’hui, nous dénonçons donc avec force l’inaction des institutions et nous soutenons avec encore plus d’ardeur la demande de Christine, qui est que Caroline ne soit « pas partie pour rien ». Nous exigeons des moyens dignes de ce nom pour lutter contre la lesbophobie, les LGBT-phobies en général et toutes les discriminations. Au sein de l’Education Nationale comme en dehors. Nous exigeons la loi et la justice. Nous exigeons la formation pour les adultes et l’éducation à la vie affective et sexuelle inclusive pour les jeunes. Nous exigeons la parole et l’action publique. Nous exigeons l’argent pour nos projets et pour ceux que d’autres devraient être capables de penser pour nous venir en aide à l’avenir.

Quant à vous qui avez manifesté contre les droits des personnes LGBTQIA ; vous qui rejetez vos propres gamins lesbiennes, gays, bi ou trans ; vous qui vous demandez encore ce qu’une femme a bien pu faire de moche quand elle se fait traiter « de sale gouine » ou de « pédophile » ; vous qui trouvez qu’elle abuse quand elle porte plainte pour discrimination, qu’elle fait de la mauvaise publicité à son village, à son entreprise ou à son club de foot ; et puis vous aussi qui observez sans réagir… Interrogez-vous ! Quel exemple voulez-vous donner et quelle société voulez-vous laisser à vos enfants et aux élèves de Caroline ? Qu’allez-vous faire concrètement pour soutenir celles et ceux d’entre nous qui sont encore debout ?

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