Attaques policières dans l'est du XVIIIe arrondissement
Le quartier de l'est du XVIIIe arrondissement une fois de plus fait l'objet d'un grand déploiement policier depuis le mardi 23 septembre. Tout a commencé ce mardi à 6 heures du matin où 150 personnes environ ont été interpelées. Si l'on en croit la police, ce mouvement de grande ampleur a été initié pour arrêter des personnes sans papiers cherchant à rejoindre Calais. Les faits contredisent légèrement cet argument puisque ce sont bien les gens qui dormaient sous les ponts du métro qui ont été embarqués direction; le commissariat de la rue de l'évangile.
Un relevé systématique d'empreintes a été effectué, sous les coups pour les récalcitrants, avant d’être relâché sans aucune explication et aucun document. Les deux jours suivants, les patrouilles étaient de sortie à nouveau avec un arsenal impressionnant et destiné très probablement à semer la panique dans ce quartier : De la Chapelle, Barbès à la Goutte d'Or, la police contrôle et fouille tous ceux qui s'y trouvent, habitants du quartier en voiture ou à pied, vendeurs et vendeuses à la sauvette, comme les migrants sans papier. Ils avaient sorti tout l'arsenal matraque à la main, gazeuse, flashball pointé et chiens policiers.
Sur autorisation du procureur, ils pouvaient contrôler au faciès n'importe qui entre 15 heures et 21 heures et cela pour combien de jours encore ? Le commissariat ne souhaite pas répondre à cette question. Attendons donc pour le savoir. Ces évènements comme d'habitude ont été ressentis par certaines personnes du quartier comme une véritable agression.
Rappelons que trois flics du XVIIIe ont été mis en examen il y a seulement quelques mois pour insultes raciales et violences aggravées. Parmi eux un brigadier-chef placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer ses fonctions et les deux autres ont écopé d'une interdiction de travailler sur la voie publique. Une enquête avait d'ailleurs été ouverte suite à des faits similaires en 2013. Il aura fallu attendre mars 2014 pour que cette enquête soit ouverte suite à un contrôle qui tourne mal. Les trois policiers auraient emmené le jeune homme sans raison au commissariat en dehors de toute procédure légale.
Rappelons aussi que le XVIIIe arrondissement a été mis en zone de priorité sécuritaire ce qui n'est pas censé ouvrir la porte à tous les comportements déplacés de la part de la police. Cette violence étatique de la part des forces de l'ordre finit juste par exacerber la colère des habitants qui n'en peuvent plus de vivre sans cesse sous contrôle policier avec des méthodes qui de plus sont bien discutables.
Je cite le commissaire Nelson Bouard -nommé en 2013 : "Le 18e arrondissement a plusieurs facettes. Il offre un visage très touristique avec la Butte Montmartre bien sûr, qui rayonne à l’étranger et induit un afflux considérable de touristes, plusieurs millions par an, qui sont victimes parfois d’infractions, d’escrocs, d’abus en tout genre et de vols. À deux cent mètres de là, on retrouve un autre Paris pittoresque : ce sont les quartiers de la Goutte d’Or, de Barbès et de Château Rouge, classés en Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP, ndlr). Ce petit quadrilatère d’une centaine de mètres concentre pratiquement toutes les formes de délinquance qu’on peut trouver à Paris. On remarque un commerce très dense et animé, parfois pas respectueux des règles d’exploitation qui lui sont imposées. Il y a les vendeurs à la sauvette, et ce qu’on appelle « le marché aux voleurs », avec plusieurs dizaines de personnes chaque jour, sinon plus, qui revendent des objets volés, notamment sur le quartier de la Goutte d’Or. Les toxicomanes sont aussi très présents sur la voie publique."
