En rendant public un enregistrement audio datant de 1988 entre son père et les membres de la « commission de la mort » responsable de l’exécution de 30 000 prisonniers politiques en Iran, le fils de feu l’ayatollah Montazeri a lancé dans la mare médiatique un pavé dont on pouvait penser qu’il allait faire beaucoup de vagues. En Iran, ce sujet est l’objet de toutes les conversations, mais à l’étranger, notamment en France, la mer est restée d’huile.
A quoi bon revenir sur une affaire datant de vingt-huit ans ? Mieux vaut s’enthousiasmer pour les performances des athlètes aux Jeux Olympiques, s’alarmer sur les effets de la canicule, se passionner pour les primaires à droite et à gauche, polémiquer sur les fantaisies vestimentaires des islamistes. Tout serait pourtant très simple si l’on voulait s’en donner la peine. On connait les coupables dont Montazeri a dénoncé les crimes ; ces membres de la commission de la mort : le juge religieux Hossein-Ali Nayeri, le procureur Morteza Echraghi, le vice-procureur Ebrahim Raïssi et le représentant du Vevak, Mostafa Pour-Mohammadi. On connait celui auquel ils ont obéi, Khomeiny, dont le successeur, le Guide suprême Ali Khamenei, vient de se plaindre de la « victimisation » des pendus et des fusillés et de la « diabolisation » de son mentor Khomeiny. Le régime iranien ne conteste pas le massacre de ses opposants ; il s’en glorifie à l’instar d’Ahmad Khatami, l’Imam des prières du vendredi à Téhéran et vice-président de l'Assemblée des experts, qui a déclaré le 19 août 2016 : « « Ce que l’Imam défunt a exécuté en 1988 était une œuvre coranique, juridique, révolutionnaire et un grand service rendu à la nation musulmane d’Iran. » Alors qu’attend la communauté internationale pour prendre l’affaire en main, traduire les responsables d’un tel crime contre l’humanité devant la cour de justice internationale ? Et qu’attendent les médias pour donner à l’affaire le retentissement qu’elle mérite ? S’en trouvera-t-il un, moins frileux que les autres pour en faire son cheval de bataille ? Il est permis d’en douter. « Pas de vagues, surtout pas de vagues ! »