Monsieur le Président,
Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps …
Aujourd’hui, à défaut de fouler nos terres du Plat Pays, vous marcherez sur l’eau à la rencontre de vos chers concitoyens, épuisés et résignés par cette catastrophe trop naturelle. Certains auront la force et cet instinct de résilience pour vous interpeler, et vous poser cette simple question « Pourquoi, pourquoi, pourquoi, … ? ».
Gamins, après les moissons, on allait passer nos vacances au bord de la mer à Berck-sur-mer, pour respirer l’air iodé sur les longues plages de sable fin. Le voyage se terminait par la traversée de la vallée de la Canche, et la vue de la ville de Montreuil-sur-mer annonçait une arrivée proche. A cette heure, ce n’est plus qu’un spectacle de désolation, sans savoir quand cela prendra fin et si nous ne sommes pas à la veille d’une crise sanitaire qui pourrait sonner comme un effet secondaire à cette situation chaotique.
On savait déjà que notre région était frappée d’épisodes chroniques de crues pouvant entraîner des inondations à plus ou moins grande échelle, comme en témoignent les nombreuses études hydrologiques et hydrauliques sur le sujet. Autant de signaux faibles, annonciateurs et porteurs d’informations qui permettraient d’imaginer le futur de manière anticipative en tenant compte de la nouvelle donne du dérèglement climatique. Ainsi, cette catastrophe pourrait être interprétée comme un « signal fort », en rupture totale avec les signaux faibles antérieurs, et qui mériterait toutes les attentions pour comprendre et proposer un plan d’actions en vue d’en éviter une prochaine.
Cette catastrophe naturelle se gère comme une situation de crise aigüe, nécessitant une organisation, des ressources et du matériel afin d’en limiter les impacts sur la population et les installations. Pourtant, il a fallu faire appel à des moyens techniques venant de la région parisienne et de la région PACA (pompes mobiles XXL sous-dimensionnées d’un facteur 10), avec le personnel détaché sur place pour en assurer le fonctionnement. Quelle vision de la sécurité civile… c’est comme si on stationnait des Canadairs sur l’aéroport de Lille.
Un chanteur populaire des Flandres, Raoul de Godewarsvelde, chantait « Quand la mer monte, j’ai honte, j’ai honte, quand elle descend, je l’attends … », et bien, vous qui organisez les plus beaux Jeux Olympiques de tous les temps, vous qui reconstruisez une cathédrale comme le faisaient les Compagnons du Moyen Âge, alors faites part de votre engagement à mettre en place tous les moyens nécessaires, et tout de suite, afin de répondre à cette attente et à ce désespoir des habitants des Hauts-de-France, région où vous êtes né…
Recevez, cher Président, mes salutations républicaines.
Un Ch’ti du Plat Pays.