Covid-19, un voyage dans le temps et dans l’espace
Essayons de comprendre le voyage de ce virus au fil de l’eau, en partant de l’hypothèse qu’il ne provient pas d’égouts pirates s’évacuant directement dans le milieu naturel, sans passer par la case “ traitement ”. Les eaux usées provenant du nettoyage de linge, de surface ou autre support potentiellement contaminé, ainsi que les eaux vannes, sont collectées via un réseau d’assainissement et envoyées vers un ensemble de stations d’épuration géographiquement réparties sur le territoire. Elles subissent un processus de dépollution au travers d’opérations unitaires, de type physique et chimique. Chaque étape a une fonction particulière, destinée à extraire les polluants de nature anthropique, avec comme seul objectif de délivrer une eau “ propre ” en bout de chaîne, et répondant à des spécifications physico-chimiques très strictes afin de rejoindre un environnement propre. Or, la présence du Covid-19 dans les eaux de canaux parisiens, recevant ces eaux ultimes de stations, démontrerait que ce virus a traversé la chaîne complète du traitement, résistant aux chocs chimiques, et entraînant ainsi une “ contamination croisée ” de ce milieu aquatique. Mais c’est peut-être que la partie visible de l’iceberg ...
Contamination de la faune et de la flore
La présence du coronavirus dans les eaux des cours d’eau serait catastrophique au niveau de la chaîne alimentaire. Il pourrait éventuellement se transmettre à la faune présente dans ce milieu naturel, comme les poissons ou autres batraciens. Ces animaux constituant eux-mêmes la nourriture d’autres congénères, comme les oiseaux ou certains mammifères. Sans compter l’absorption possible au niveau de la flore ou les sédiments. A l’image d’une bactérie persistante, ce nouvel agent infectieux pourrait, à la manière d’une véritable marée noire, contaminer le vivant et rendre impropre à la consommation tout être venant de cette ressource naturelle. Après une catastrophe humaine, un désastre écologique comme seconde épée de Damoclès. Un précédent existe avec la pollution industrielle du Rhône aux PCB (substance chimique), de Lyon à la Méditerranée, interdisant toute pêche dans le fleuve jusqu’à nouvel ordre. Il devient urgent de vérifier ce point scientifique avec des experts pour anticiper une seconde source épidémique.
Transmission du virus par l’air
Alors que l’on nous répète que la transmission du Covid-19 s’effectue uniquement par contact, une autre voie de contamination pourrait voir le jour. En effet, les eaux usées à épurer, contaminées à leur entrée, subissent des opérations d’aération afin d’améliorer le rendement du traitement, via l’introduction d’oxygène. Par souci d’économie, on injecte plutôt de l’air sous pression (contenant 21% d’oxygène) à la partie basse des bassins de la station, par l’intermédiaire de rampes de distribution. Or, une partie de ce gaz est absorbée pour nourrir les éléments, et une autre remonte sous forme de bulles qui vont éclater en surface. Cet éclatement entraîne la formation de gouttelettes d’eau contaminée, se libérant sous forme d’aérosols entraînés par le vent. Ces aérosols forcément contaminés vont se disperser suivant la direction et la vitesse du vent, pour se faire inhaler par n’importe quel individu présent sur son passage. C’est exactement ce processus de contamination qui a provoqué plusieurs dizaines de décès et de blessés, lors de l’épidémie de Légionellose de Lens, en 2003-2004 (bactérie - souche Legionella Pneumophila). Avec plusieurs milliers de stations d’épuration à l’échelle du territoire, cette piste demanderait d’être vérifiée par des spécialistes également.
L’été, une saison propice à la formation d’aérosols
Qui n’a pas le souvenir du parfum se dégageant instantanément lors d’une forte pluie d’orage en été, odeur de macadam chaud en ville ou de foin frais en rase campagne. Cette réaction de notre odorat est le résultat de l’évaporation instantanée de l’eau en surface, reprenant une forme gazeuse sous forme d’aérosols transportant des microparticules de matière. Ce phénomène physique pourrait nous être préjudiciable en saison chaude, en raison d’une augmentation de la température ambiante et d’un poids d’eau, contenue dans l’air, multiplié par deux ou par trois. On peut imaginer la mise en suspension du virus dans la vapeur d’eau de notre air ambiant et son inhalation directe par l’homme. Covid-19 se transmettrait alors par voie aérienne, une nouvelle peu rassurante. Ce scénario est plausible car le virus résiste à une température et une humidité élevées, comme le prouve sa présence dans tout l’hémisphère sud. C’est une éventualité à surveiller de près.
Des analyses de risques sur la contamination croisée
La recherche ne doit pas s’arrêter à la mise au point d’un test, d’un traitement ou d’un vaccin à courte échéance, mais elle doit s’étendre à l’évaluation des risques sanitaires suite à la présence éventuelle du virus dans l’environnement direct, avec des modes de propagation indirecte. Sa présence surprenante dans les eaux de surface de la capitale résonne comme une alarme, faisant penser que des stations d’épuration se transformeraient peut-être en véritables bouillons de culture, mettant en danger la sécurité et la santé du personnel assurant leur exploitation, ainsi que des riverains. Sans compter les salariés des filières d’enlèvement et de traitement de déchets souillés par des tenues, des masques ou autre matériel médical, ou simplement le contenu de nos ordures ménagères. Si le coronavirus est présent dans des eaux résiduaires, il l’est forcément dans l’air, à titre de comparaison avec une pollution de type industriel. C’est une urgence sanitaire de comprendre et de savoir s’il pourrait se propager par voie aérienne, ou par sa migration au travers du cycle de l’eau. Des campagnes de prélèvements et d’analyses doivent être organisées et réalisées dès aujourd’hui afin de sécuriser le processus de déconfinement qui se rapproche. Alors, la gestion numérique de cette crise sanitaire via le tracking n’est pas vraiment l’urgence, nous nous trompons de cible. Sortons plutôt nos éprouvettes et réglons nos microscopes.