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Billet de blog 12 octobre 2025

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Les associations se soulèvent !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
carte postale créée par le monde associatif

Depuis plusieurs années, notre gouvernement, et notamment le ministère de la culture en la personne de Rachida DATI, met en place une politique délétère qui met volontairement en danger le monde associatif.

Les subventions ont été diminuées de manière drastique : Il y a 15 ans, elles représentaient 34 % du budget des associations. Elles n’en représentent plus que 20 %. Et percevoir ces subventions relève désormais d’un parcours d’obstacles :

Les associations doivent signer un « Contrat d’engagement républicain » (loi du

  • 24 août 2021, approuvée par le décret n° 2021-1947 du 31 décembre 2021). Il y est notamment spécifié qu’elles doivent respecter les lois et les symboles de la République ainsi que son principe de laïcité. Pourquoi imposer ce contrat alors qu’un des principes fondateurs de la République est l’indivisibilité, qui implique que les lois soient appliquées par tous les habitants du territoire ?

Elles doivent également désormais montrer que les subventions perçues leur ont permis d’obtenir des résultats tangibles dans leurs actions… En bref, c’est imposer aux associations un fonctionnement d’entreprises privées capitalistes.

On voit bien ici qu’au-delà de l’aspect financier, les associations perçoivent une volonté claire d’attaquer leurs libertés.

Ainsi, il y a quelques années, les associations qui souhaitaient intervenir dans les établissements scolaires pouvaient le faire avec une simple autorisation du chef d’établissement ou du rectorat. Aujourd’hui, elles doivent obtenir un agrément de la préfecture – au prix d’une forte dépense d’énergie et d’un temps d’attente qui peut être très long.

Toutes ces entraves fragilisent et mettent en péril les associations. Mais ces associations, qui sont elles ? Sont-elles réellement importantes en France ? Les voici en quelques chiffres :

La France compte 1,5 millions d’associations (chiffres 2024). Parmi elles seulement 150 000 sont employeuses, ce qui représente 1,8 millions de salarié.es, soit 9,2 % du secteur privé (elles en employaient 2,2 millions en 2018). A leurs côtés, 21 millions de bénévoles agissent pour faire vivre nos associations au quotidien, souvent en plus de leur emploi.

Quant aux salarié.e.s, ils ont souvent un statut précaire, y compris pour les CDI du fait des difficultés budgétaires croissantes des associations. Par exemple, de nombreuses associations emploient des « services civiques ». Il s’agit d’un contrat de 6 à 12 mois durant lesquels le ou la jeune (16 à 25 ans) effectue entre 24 et 48 heures par semaine pour une indemnité (qui n’est donc pas un salaire) de 504,98 € par mois, auxquels s’ajoute l’équivalent de 114,85 € versés par l’organisme employeur. De nombreuses associations sont donc contraintes, faute de moyen d’avoir recours à cette exploitation de jeunes, eux-mêmes contraint.e.s d’accepter ces conditions de travail avilissantes.

Bien sûr tous ces nombres cachent les images des hommes et des femmes qui animent et font vivre toutes ces structures, aujourd’hui au prix d’un épuisement unanimement ressenti.

Alors, à Limoges, comme dans beaucoup d’autres villes, ce samedi 11 octobre, une vingtaine d’associations se sont réunies pour évoquer les attaques menées contre leur fonctionnement, contre leur liberté d’action, et finalement contre leur survie même. Les associations représentent des contre-pouvoir. Dans une situation de recul démocratique elles deviennent donc des cibles privilégiées. En les affaiblissant, les pouvoirs publics montrent leur orientation politique.

Exemple : la représentante d’une association qui lutte contre l’illettrisme explique qu’elle ne parvient pas à obtenir de subvention pour lutter contre l’analphabétisme des migrants. Or il leur est demandé le niveau B2 en français pour pouvoir prétendre à la naturalisation, et cette association est tout à fait en mesure de les aider à atteindre ce niveau d’expression.

De même, le ministère de l’Intérieur a diminué les subventions versées à la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), dans un contexte où l’on constate pourtant une augmentation des violences racistes et antisémites.

Autre exemple dans une longue liste : Le Planning familial de Haute-Vienne ne peut plus intervenir dans les établissements scolaires du fait des restrictions de ses budgets. L’Education Nationale a donc pris en main son programme « EVAR » (éducation à la vie affective et relationnelle), mais sans allouer de moyens supplémentaires pour le mettre en place, et donc sans l’aide du planning familial. Dans certaines écoles, des associations de parents d’élèves se sont donc proposées pour enseigner ce programme. Or, comme vous avez pu le lire dans un très bon article de Mediapart, dans certains départements, des membres d’associations de parents d’élèves sont d’Extrême Droite, ce qui ne manquera pas d’orienter l’enseignement de ces sujets. Et je n’évoquerai pas ici le problème déontologique posé par la délégation d’une partie des enseignements à des personnes non formées et orientées politiquement.

D’autre part, ces quelques exemples rappellent le rôle essentiel des associations dans le maintien des liens sociaux et la lutte contre toutes les formes d’exclusion, parmi tous leurs autres rôles : épanouissement des personnes, protection du vivant, accompagnements, de l’enfance à la fin de la vie.

J’arrêterai ici la longue liste d’attaques subies par les associations en France.

Que l’on garde seulement en mémoire qu’elles restent debout, et qu’avec notre aide, elles ne plieront pas.

Faisons comme elles : à leur côté, LEVONS-NOUS !

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