L’histoire que je vais raconter se passe à Limoges, capitale du Limousin et préfecture de la Haute-Vienne. Elle pourrait être un conte : elle est transposable en d’autres lieux, elle rassemble des personnages principaux, qui vivent des épreuves. Mais ici, aucune magie ni fin heureuse, du moins pour le moment.
Limoges, donc : ville dotée d’un magnifique Hôtel-de-Ville, malheureusement pour l’instant occupé par un conseil municipal majoritairement de droite, qui semble majoritairement insensible à la souffrance humaine. Non loin de cet imposant édifice se trouvent les bâtiments de la Préfecture.
Mais les personnages au cœur de notre histoire, ce sont 37 enfants, dont la plus jeune n’a que 16 mois. Ils vivent avec leurs parents, vont à l’école, font leurs devoirs, comme la plupart des enfants du territoire français, donc. Oui, mais eux ne savent jamais où ils dormiront le soir : ils n’ont pas de chambre avec un lit et des jouets. Ils n’ont pas de logements ! Depuis plusieurs mois ils dorment dehors, dans des couloirs d’immeubles, dans des chambres pour une nuit, puis chez un citoyen ou une citoyenne pour quelques jours, mais rapidement il faut repartir, trouver un autre « abri ». Et pourtant,
à Limoges, comme dans de nombreuses villes, plusieurs bâtiments municipaux et autres sont inoccupés. Et pourtant, la France est la 6ème puissance économique mondiale. Et pourtant, le Président de la République s’est engagé en 2022 à ce que plus aucun enfant ne dorme dans la rue !
Vous commencez à percevoir comment se déroule cette histoire : le mensonge et l’inhumanité, monstres au service du néolibéralisme, font naître la souffrance.
Ces 37 enfants font partie des 2159 enfants sans logements en France en 2025. Ce nombre a augmenté de 30 % depuis 2022 selon l’UNICEF. Mensonge et inhumanité.
Que font les autres personnages, les associations ? Elles œuvrent quotidiennement pour récolter des fonds, trouver des solutions d’urgence, aider les enfants à poursuivre leur scolarité « comme tous les autres »… Elles ont bien sûr demandé au Préfet de Haute-Vienne et au maire de Limoges de trouver des solutions pour loger ces familles, en vain.
Les médias locaux ? Ils sont présents à chaque rassemblement dans lesquels des citoyen.nes demandent que la dignité de tous et toutes soit respectée. Ils informent par leurs articles ceux et celles qui ne pouvaient pas être présent.es.
Les citoyen.nes ? Certain.es ont sillonné la ville et trouvé des bâtiments qui pourraient, pour un temps, héberger ces familles à la rue à l’approche de l’hiver. Mais les ogres ont des chiens de garde : le 27 juillet 2023, une majorité de députés a voté la loi Kasbarian qui punit ceux et celles qui occupent un bâtiment inutilisé de 30 000 euros d’amende et de deux ans d’emprisonnement. Les chiens de garde sont organisés en meutes : celles qui dressent les enclos, celles qui mordent et celles qui se contentent d’aboyer.
Oui, les ogres néolibéraux sont avides de chaire et d’esprits. Insatiables, ils cherchent et trouvent toujours plus de victimes. Toujours plus… Et pourtant, autour du vortex néolibéral, nous sommes de plus en plus nombreux.ses. Je l’observe qui s’étiole et s’affaiblit ; d’autres font le même constat. C’est peut-être pour cela qu’à l’intérieur, les ogres hurlent de plus en plus fort : ils hurlent en espérant conjurer leur mort.