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Billet de blog 19 octobre 2018

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LA REMISE EN QUESTION : Le travail sur soi – Partie 1

"Se remettre en question." L’expression est je trouve bien curieuse lorsque l’on analyse les mots littéralement. Pourquoi ne pas dire : « se mettre en questionnement » ou « s’auto quelque chose » ? Pour quelles raisons est-il si difficile de se remettre en question ? Pourquoi certains/beaucoup n'y arrivent pas ?

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Illustration 1
La remise en question. Le travail sur soi. © Jean-Luc ROBERT - Psychologue

L’expression "remettre", prise dans le sens de "mettre de nouveau" en question une personne, de faire naître un questionnement ou des incertitudes à son sujet, laisse penser qu’elle a déjà été mise en question une première fois. Mais il me semble en réalité, que « remettre » est ici employé dans le sens de : « renouveau » ou de « révolution ». On pourrait ainsi dire à quelqu’un : « Rends nouvelle, renouvelle, révolutionne, fais donc évoluer, ta manière de voir les choses à ton sujet ». « Re » comme « Revoir », « Refaire», « Recommencer ». Ce préfixe donne un certain poids au verbe d’action « mettre ». Il s’agirait ici d’annuler la certitude d’une première analyse (ou mise en question), de la Revoir entièrement. Il y aurait une mauvaise lecture à corriger, dupés que nous aurions été par notre subjectivité. Mais la subjectivité est bien le caractère de ce qui appartient au sujet, à l'individu seul, et c’est justement là que se trouve la difficulté. Demander à un sujet de se déposséder d’une partie de lui-même, voire de se refondre entièrement, c’est lui demander d’accepter une perte de repères totale. 

Je dirais grossièrement que pour renaître, il faut d’abord mourir un peu. Il y a donc l’idée d’un renoncement déprimant, à ce que survive cet amour total de soi, qui nous semble si vital. L’ego, notre fondation majeure, la représentation la plus fidèle de la conscience que nous avons de nous-même, se trouve alors en grave danger. Il érige logiquement ses défenses pour survivre et refuser l’anéantissement.

Lors du travail sur soi, la capacité à se remettre en question est, à n’en pas douter, déterminante pour que le sujet trouve une issue favorable aux difficultés qu’il connaît. Cette capacité varie énormément d’un sujet à l’autre. Rares sont les personnes pour lesquelles cet exercice est facile. Dit autrement, on peut donc affirmer que la norme (pour une majorité de sujets) en la matière, est qu’il soit difficile de se remettre en question.

Mais pour quelles raisons la remise en question est-elle si difficile ?

Comme nous l’avons dit, la remise en question touche aux fondements mêmes du moi, ce qui entraîne de facto l’activation de défenses afin de lutter contre une certaine vulnérabilité. L’ego est une machine programmée pour ériger les défenses-réflexes dont nous parlons. Pour prendre une analogie simple, c’est un peu comme si l'on essayait de désactiver artificiellement le système immunitaire de l’organisme humain visant à se défendre contre les agressions extérieures (maladies), en pensant que celui-ci se laisserait docilement faire. Il est certain que cette machine autonome et programmée pour la survie, essaierait par tous les moyens d’empêcher la désactivation de son système antivirus.

En psychologie, le psychisme du sujet lui échappe partiellement. Une forme d’automaticité lui permet, lorsqu’il y a une menace d’anéantissement, de se mettre en mode : "auto-protection". Le sujet conscient peut alors se trouver en lutte contre le sujet inconscient qui a activé son système de défense.

La remise en question : Le chaos!

Illustration 2
La remise en question du patient © Jean-Luc ROBERT - Psychologue

Voilà pourquoi il ne suffit de dire à un sujet ce qui ne va pas chez lui pour que ce dernier soit en mesure de se « remettre en question » et de changer d’attitude. Lui dire ce qui ne va pas de bute en blanc, entraîne quasi-systématiquement un conflit interne et l’activation/renforcement de ce processus défensif, comme l’a si bien expliqué A. Freud [1] (Ce qui ne signifie pas à mon sens qu’un thérapeute ne doit jamais adopter cette posture en connaissance de cause). Il s’agira en psychanalyse d’aider le sujet à « prendre conscience de… ». Mais alors, que le chemin sera long et chaotique. Le sujet fera un pas en avant, puis trois en arrière, la peur de l’anéantissement de son moi le contraignant à rétropédaler, voire à ne plus venir nous consulter. C’est trop douloureux, trop risqué d’aller fouiller là-dedans. Parmi les défenses, la remise en question du psy sera fréquente. Finalement, avant tout ce remu ménage, on n’allait pas si mal que ça. On n’était pas heureux, mais on ne ressentait pas ce poids pénible peser sur sa poitrine. C’est d’ailleurs bien à cela que sert l’inconscient non ? Etre tranquille ?

On peut alors se demander la chose suivante : Comment se fait-il que certains sujets parviennent davantage à se remettre en question que d’autres?

Je vous laisserai, fidèles lecteurs.trices, répondre à cette question via la rubrique « commentaires ». Je me ferai un plaisir de vous lire, puis de vous citer dans le prochain article : LA REMISE EN QUESTION. Le travail sur soi – Partie 2.

Alors à vos plumes, prêts…

[1] FREUD A. (1936). Le moi et les mécanismes de défense. Paris, PUF, 1996.

Jean-Luc ROBERT 

Psychologue spécialisé dans les TSA

auteur de MA VéRITé SUR L'AUTISME : https://www.youtube.com/watch?v=037XhWAK9jI

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