Un figure comme brouillée sous une casquette de prolo, un mégot qui finit de s'émietter à un coin de lèvre, sur fond rouge. Telle, la couverture du Poètes d'Aujourd'hui qui lui est consacré. Je suis longtemps demeuré sur le seuil de sa poésie, longtemps je l'ai ignorée sinon méprisée. Un jour que j'étais à Brassens, en lieu et place des anciennes abattoirs de Vaugirard, un vendeur proposait, dans une pile d'invendus de toutes sortes, un de ses recueils publié par Gallimard, quand Gallimard était un vrai éditeur mettant en avant la littérature et non d'abord des impératifs économiques, tel que va le monde désormais et inexorablement. Le titre du recueil :Un drôle d'air. Et page 17, ce poème : "La maison condamnée/ ne comprend pas ce puits/de lumière qu'elle ouvre/dans le corps de la rue;// ne peut savoir à quelle/transitoire poussière/va servir cette faille/d'une génération.// Seul un mur se retourne/ pour voir, en s'écroulant,/ de quel amour les hommes/en faisaient un rempart.
Toursky, c'est ce ton-là, un ton désabusé, à propos de choses à demi mortes ou mortes complétement. A l'image de la poussière que fait la cendre de son mégot comme oublié au coin de la lèvre Un gris léger mais qui demeure aux doigts, gras et tachant.