Je sais, ce sont les vacances, un repos bien mérité n’a guère besoin d’être perturbé par cette question de conscience à laquelle chacun espère subrepticement échapper. Cette question embarrassante qui pourtant devient incontournable devant ce qu’il faut bien appeler le meurtre de masse, organisé, la boucherie de Gaza en est, en effet, à son 28ème jour.
Près de 1900 morts avec 80% de civils, dont 400 enfants et 9200 blessés. Ces enfants massacrés, mutilés, leurs parents désarmés et sans autre alternative que celle de leur trouver un inutile refuge dans les écoles de l’UNRWA.
Alors je sais, il est bon de savoir se taire, de se faire le plus discret possible, d’éviter de jouer aux héros, en espérant que tout cela passera bien vite, même si la nausée qui s’empare de tout un chacun est de moins en moins contrôlable.
Oui, il faut garder silence, car il y a pour l’acteur, le risque de perdre un rôle ou quelques amis bien placés et peut- être un petit second rôle à Hollywood ou ailleurs. Pour un musicien, une tournée peut sauter, ou bien un enregistrement si ce n’est les deux à la fois. L’écrivain, lui, par les temps qui courent, et qui a bien du mal à publier ne saurait se fermer, ne serait-ce que la moindre petite porte, pour que son œuvre puisse voir le jour, alors, peu importe que ce même jour ne soit plus visible pour un petit Gazaoui… Quant à nos journalistes, comme d’ailleurs nos hommes et femmes politiques, c’est bien plus trivialement qu’il faut se rendre à la soupe, et ce, chaque jour que Dieu fait. La peur de la mise au banc, de la promotion perdue, de la médaille en chocolat qui échappe, de la candidature qui s’évanouit, etc. etc.
Oui, pour tous ces gens c’est le plat de lentilles que l’on défend becs et ongles, ne pas prendre le moindre risque de perdre la plus petite des opportunités, de déplaire au plus puissant et surtout pas pour défendre le plus faible d’entre les faibles. Je me demande comment font leurs collègues Anglais, Américains, Espagnols et d’autres pour oser dénoncer l’inacceptable, la sauvagerie.
Je leur souhaite quand même de bonnes vacances et m’excuse de les avoir interpelés.