La sortie d’Emmanuel Macron hors de cette forêt touffue dénommée apolitisme, est, ô combien, riche d’enseignements.
Ce sonnant et trébuchant « Je suis d’un gouvernement de gauche et je l’assume totalement avec les valeurs auxquelles je crois et ce qui me caractérise. Mais je veuxtravailler avec des gens qui se sentent aujourd’hui à droite, aussi », ne fait que donner le signal qu’il est grand temps pour les pseudo-représentants du peuple de mettre bas les masques d’une ignoble parodie, celle qui, qui depuis des décennies, simule la lutte démocratique au sein des parlements, entre les intérêts divergents d’une classe bourgeoise, entrepreneure, libérale à souhait et ceux des classes populaires qui voient s’éroder, jamais autant que durant ce quinquennat, des avantages obtenus durant soixante-quinze ans de luttes acharnées. Ces classes populaires croyaient être représentées par le PS et son gouvernement, béquillés par des écolos schizophréniques et d’autres encore, démunis d’un quelconque pouvoir.
Le désastre d’une crise économique sans précédent, l’explosion du chômage, des inégalités, l’impunité des banquiers délinquants, la loi des hedge funds et des actionnaires prédateurs, la complaisance à l’égard des dirigeants voyous des multinationales de l’énergie, des pharmaceutiques, de l’alimentaire, de l’armement, la complicité des écoles prestigieuses de la pensée libérale, celle des médias et des systèmes judiciaires à la botte qui ne s’acharnent que sur les petits et les lanceurs d’alerte afin de contribuer à entretenir l’illusion d’une vie démocratique. On sait bien qu’un tel monde dans lequel les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population, soit 3,5 milliards de personnes, est objectivement proche d’une déflagration historique.
La face déconfite de Michel Sapin lors de la discussion avec Elise Lucet, après la transmission de Cash Investigation sur les Panama papers, illustre bien le désarroi d’une classe politique exténuée, incapable d’obtenir, malgré la veulerie, la trahison et la manipulation, la capitulation du Peuple dans les délais impartis par ceux qui, énumérés plus haut, dirigent véritablement ce monde.
C’est dans ce contexte que Macron, salué aujourd’hui même par le MEDEF et la Droite institutionnelle, démarre sa mission de sauvetage, non plus d’un gouvernement et d’un PS déjà aux tréfonds des poubelles de la république, mais de tout un Système. Nul besoin de continuer, nous suggère-t-il, à se jouer les uns les autres une exécrable comédie sur les bancs vermoulus des assemblées et devant les médias. Quand un gouvernement se déclarant de gauche a pu pratiquer pendant des années une politique tellement à droite, qu’elle réussit à faire apparaître comme alternative de centre gauche un Juppé, il est effectivement temps de mettre fin à ce théâtre.
Le ni gauche ni droite a toujours été un verset déclamé par les gens de……Droite !
Il serait bon, sans grande illusion, d’amener M. Macron à nous dire quelles réponses apportera sa politique miraculeuse à ces quelques points très citoyens sur le fond :
Le contrôle effectif des banques et la fin de l’impunité de leurs dirigeants.
La fin du Trading à haute fréquence.
La séparation réelle des pouvoirs avec une indépendance définitive de la Justice par rapport à l’exécutif.
La suppression de la Haute Cour de Justice qui couvre les petits copains de tous bords et le recours à la justice ordinaire pour tous les crimes et délits commis par les gouvernants.
La création d’une institution pour remplacer l’IGPN.
L’introduction d’une proportionnelle significative afin de lutter contre le monolithisme et le godillisme.
La protection et l’asile politique aux donneurs d’alerte pour toute action qui bénéficie à la Société Civile.
La transparence sur les dépenses personnelles des élus et des ministres en fonction.
Le cumul des mandats qui, bien qu’adopté, semble être à géométrie variable.
La limitation de la sollicitation de mandats.
La fin des privilèges pour tous les hommes politiques quels qui soient, en dehors de la protection de ceux qui, par leur fonction, demeureraient exposés.
La criminalisation effectivce des dirigeants de multinationales qui tentent d’échapper à l’impôt.
Le contrôle au faciès.
Le vote des étrangers.
Une politique de répression à l’égard de qui, entreprise ou individu, pratique les discriminations à l’emploi, au logement, ou dans tout autre domaine.
La souveraineté de la France en matière de politique étrangère, par rapport à l’OTAN, à l’Europe, à l’Allemagne.
La consultation populaire avant de s’engager dans de meurtrières opérations militaires à l’Etranger, avec les risques d’attentats de rétorsion qu’elles impliquent.
La nécessaire redistribution des richesses dans un pays où jamais le fossé entre les nantis et les plus démunis n’aura été aussi large.
Vous le noterez, mais ce n’est pas un oubli, il n’y a aucun point relatif au chômage et au code du travail, car nous voyons M. Macron à l’œuvre, et suffisamment pour pouvoir dire qu’il s’est gardé lui-même un grand masque, histoire de cacher qu’il est résolument un homme de droite.