À quelques jours de la clôture de mon abonnement, je voudrais saluer mes contacts et leur dire les raisons d’une décision prise après le second et pesant appel de M. Plenel à voter en faveur du président sortant malgré sa politique et ses manœuvres initiées déjà en tant que ministre et qui ont provoqué l’envol et une consolidation préoccupante de l’extrême-droite. En 2017, j’avais déjà très peu goûté sa première injonction à introniser ce candidat. Cette raison en elle-même aurait suffi à justifier une rupture, l’infantilisation du lecteur étant quelque chose de très dérangeant.
Mais il y a plus encore, les positions atlantistes récurrentes du journal sont indéfendables, parce-que injustes et dangereuses. J’ai l’impression qu’une avancée de l’OTAN jusqu’à Vladivostok avec encerclement de fait de la Chine ne poserait aucun problème au bon Edwy, sauf que cette hypothèse pourrait signifier avant sa concrétisation notre incinération et celle de millions de bipèdes.
Soulignons également la réticence chronique de la rédaction à contribuer au soutien et à l’avènement d’une gauche de combat, à l’honneur et à la crédibilité retrouvés, réticence de nature à s’interroger sur le but poursuivi par Médiapart, j’ai même eu souvent l’impression que les échecs cuisants d’une force d’opposition de gauche convenaient parfaitement à l’équipe en place.
Pour finir, il me semble que Médiapart se soit perdu dans la quête de l’investigation à tout prix, nous sommes ainsi passés des excellents articles sur la corruption, l’évasion fiscale, les abus de pouvoir (sexuels compris), de Cahuzac à Sarkozy, des Balkany à Benalla en passant par Georges Tron, Fillon et Alexis Kohler, aux scoops et à la chasse aux sorcières (et surtout aux sorciers,) favorisant ainsi l’avènement d’une atmosphère malsaine de tabloïd, avec culture du soupçon permanent et risque de curée au coin de la rue avant même que ceux exposés à la vindicte ne puissent dire mot. Médiapart a chevauché là une monture folle qui risque de le désarçonner avec pour résultat le dévoiement de la juste lutte pour les droits des femmes, laquelle doit se faire avec tous, n’en déplaise à qui croit qu’un Strauss-Kahn sommeille (très légèrement) en chaque homme.
Ce break devenu nécessaire ne m’empêche pas de souhaiter le meilleur avenir et tout le succès à ce journal précurseur, qui a su prendre des risques énormes et qui a insufflé un air frais dans un environnement médiatique au bout du rouleau.
Bon vent à tous et une pensée aux camarades disparus qui ont contribué durant toutes ces années à l'animation et à la force du Club.