Une grosse erreur a été commise en voulant dissocier l'antisémitisme du racisme tout court. Depuis, l’antisémitisme apparaît aux yeux de nombreux Français comme étant le plus condamnable de tous les racismes sans que l'on sache exactement les critères contemporains de ce classement de fait volontariste. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup s'autorisent à penser que cette mise en avant ne peut être due qu'à la prédominance des juifs dans toutes les sphères de la société : politique, financière, économique et médiatique, alimentant ainsi paradoxalement le phénomène. Les situations les plus incongrues se font jour, c’est ainsi que ne pas interdire d’antenne, malgré la condamnation du polémiste, les propos d'une xénophobie insigne, proférés au quotidien et en prime time par M. Zemmour à l'encontre de communautés entières conforte le sentiment d’inégalité de traitement du fléau racisme. L'antisémitisme apparaît ainsi comme l’unique « vrai » racisme par rapport aux autres formes qui se trouvent ainsi reléguées au chapitre autrement plus « acceptable » de la liberté d'expression. M. Goldnadel, Mme Lévy sur les mêmes médias et même M. Finkielkraut sur France Culture ne se privent pas de cette « liberté d’expression » très inégalement partagée.
Ces apprentis sorciers semblent ne pas se rendre compte du fait que leurs prestations quasi-quotidiennes libèrent également une parole antisémite qui n’en a vraiment pas besoin. Enfin, le fait, soutenu par les mêmes et beaucoup d’autres, politiciens compris, de vouloir assimiler critique du sionisme et antisémitisme dans un amalgame irresponsable, ne fera qu'aggraver une situation déjà bien problématique. Beaucoup de juifs, bien entendu, n’approuvent pas et dénoncent les dangereuses errances des susnommés, mais leur voix, confinée, émarginée par les grands médias, reste hélas trop peu audible.