C’était il y a dix-neuf mois, nous avions préféré un autre président à celui qui avait, jusque-là, représenté le pire pour notre pays.
Souvenez-vous, l’identité nationale qu’il avait fait promouvoir par un “socialiste“, le discours de Dakar, celui de Grenoble, les agressions au quotidien contre les syndicats, les travailleurs, les immigrés, la vénération du fric et la division des français montés les uns contre les autres, sans oublier les affaires de corruption et d’abus de pouvoir, les pressions sur la magistrature….
La situation était tellement déliquescente moralement, qu’en dépit des méfiances légitimes à l’égard du parti socialiste et de ses courants droitiers dominants, beaucoup de gens réellement de gauche avaient voté François Hollande, même s’ils le firent en se bouchant le nez, selon l’expression d’Indro Montanelli à propos de la Démocratie Chrétienne en Italie.
Aujourd’hui, après un an et demi, je ne me sens plus du tout lié par mon vote du second tour.
La politique menée par le gouvernement actuel est, sans conteste, dans la droite ligne de celle que la droite avait imposé aux travailleurs de ce pays.
La trahison incroyable des promesses claironnées aux français tout au long de la campagne électorale, telles que la renégociation du traité européen, la réforme du système bancaire, la refonte de la fiscalité, les interdictions du licenciement boursier, le vote des étrangers aux élections locales, la mise au pas des contrôles au faciès, l’arrêt de l’agression au régime des retraites, la préservation du système de santé, rien de tout cela n’a été respecté et la réalité se résume sur le fond à la conduite d’une politique ultralibérale menée par une équipe qui continue, sans vergogne, à se proclamer de gauche.
Et que dire de la politique étrangère ? Néocoloniale en Afrique, vassalisée au Proche-Orient, bégayante ailleurs, bref, sans aucune ligne directrice.
Sur la forme, si F. Hollande ne pratique pas l’invective et les rodomontades sarkozyennes, il n’en demeure pas moins que les dérives de son (bien trop) populaire ministre de l’intérieur, à propos des roms, des immigrés, des musulmans, ont contribué à consolider l’atmosphère fétide que traverse notre pays avec la prolifération d’une parole plus fascisante, raciste et xénophobe, que libérée. Hélas, dans ce registre aussi, Valls a assuré une continuité incontestable à la précédente gestion.
Je n’ai plus aucune envie de soutenir une politique clairement en faveur d’un capitalisme débridé et qui ne fait qu’accroître la pauvreté, la précarité et les tensions dans ce pays.
Certes il faudra toujours être disponible pour opposer un front républicain et antifasciste à la meute qui gronde, mais je préfère voir une telle politique menée par un gouvernement se proclamant ouvertement de droite que par les imposteurs que nous nous sommes infligée en Mai 2012.
Je n’en suis pas, je n’en suis plus.