Gauche-Droite, c’est dépassé ! Les tenants de cette contre-vérité, dont le but est d’annihiler toute velléité de progrès social, étaient il y a encore peu les chantres de la droite la plus classique de notre paysage politico-médiatique. Malheureusement, ce faux historique distillé tel un poison par la doxa droitière a été repris sans le moindre état d’âme par les hommes du président élu par une gauche, médusée depuis. Ce crédo est devenu celui des poids-lourds de l’équipe au pouvoir, de feu Cahuzac qui proclamait : "la lutte des classes n’existe pas, Dieu merci !" à Emmanuel Macron, explicitement pas socialiste et visiblement fier de ne pas l’être, sans oublier bien sûr le champion d’entre tous, l’actuel premier ministre en personne. Ce faisant, le désarroi de tous ceux qui avaient cru à une véritable politique en faveur des citoyens n’a fait que s’amplifier, en témoignent les débats sur Médiapart où une certaine confusion, entretenue par des solfériniens zélés et des trolls de tous types, règne.
Il est pourtant relativement simple de repréciser les points cardinaux qui font qu’être de gauche n’a et n’aura jamais rien à voir avec une vision droitière de la société. En vrac, exiger des candidats en campagne qui se réclament de la gauche, un engagement sur les problématiques suivantes (bien entendu, la liste n’est pas exhaustive) :
- En finir avec l’infantilisation du citoyen en exigeant un changement de la constitution, avec notamment la suppression de la République Présidentielle dans laquelle un monarque élu décide de tout, y compris de l’utilisation du feu nucléaire, sans oublier les alliances militaires telles que l’OTAN avec des engagements militaires plus ou moins imposés par une puissance étrangère, le tout sans débat parlementaire et sans consultation du peuple, y compris quand ce dernier peut en subir des conséquences dramatiques comme les attentats meurtriers qui ont secoué le pays et dont nul ne sait quand ils cesseront.
- Suppression du 49.3, un scandaleux artifice qui insulte la Démocratie.
- Limitation des mandats des élus et de la durée de l’activité politique parlementaire, ainsi qu’au sommet de l’Etat avec fin des carrières interminables.
- Suppression de la Haute Cour de Justice dont la fonction consiste à protéger les politiques et non à rendre la Justice. La solidarité entre les différents partis est d’ailleurs totale par le biais du renvoi d’ascenseur.
- Garantie institutionnelle de l’indépendance de la Justice par rapport à l’Exécutif, la situation actuelle étant intenable pour une Démocratie digne de ce nom.
- Suppression de l’immunité parlementaire pour toute affaire de droit commun ou de prise d’intérêt par utilisation de la fonction et des pouvoirs que confère cette dernière.
- La Justice doit suivre la même voie pour tous les Citoyens, qu’ils aient ou non un mandat, une fonction ministérielle ou dans la haute administration.
- Suppression de l’IGS et transfert des enquêtes à des magistrats indépendants.
- Règlementation précise des contrôles d’identité en instituant la délivrance de récépissés aux personnes contrôlées. Port de caméra vidéo généralisé pour les agents de la force publique en opération.
- Vote des étrangers aux élections locales.
- Strict contrôle de l’activité des banques, en particulier de dépôt, qui spéculent avec l’argent des citoyens, s’enrichissent en contribuant à créer une monnaie de singe, font payer des frais exorbitants aux déposants, et qui, en cas de faillite se font renflouer automatiquement par les citoyens sur simple décision du gouvernement. La nationalisation pure et simple ne doit plus être un tabou.
- Suppression de la législation, fût-elle Européenne, qui permet en toute légalité à des multinationales qui réalisent des milliards d’euros de chiffre d’affaires dans un pays, de payer des impôts au niveau d’une PME/PMI.
- Exigence d’une harmonisation fiscale sans laquelle il n’est pas possible de freiner la destruction massive d’emplois.
- Mise en place d’une équipe mixte gouvernement/partis qui le soutiennent, en charge de développer une synergie avec les forces politiques des autres pays susceptibles de favoriser l’action commune pour le règlement des points supranationaux définis ci-dessus.
- Maintien de l’ISF, en particulier sur les biens immobiliers.
- Démocratiser et renforcer le contrôle des laboratoires pharmaceutiques et des géants de l’agro-alimentaire afin de protéger la santé des citoyens. Supprimer les connivences entre décideurs corrompus et ces industries par une garantie de transparence et la participation de représentants compétents de la société civile.
- Rétablissement d’une protection effective des salariés et de la représentation syndicale.
- Arrêt du démantèlement du service public, en particulier dans les domaines de la Santé, de l’Education et de la Justice.
Bien entendu beaucoup d’autres thématiques sont à clarifier, mais il n’est pas normal que des forces de gauche ne trouvent pas, souvent pour d’obscures raisons d’égo et d’intérêts partisans, une plateforme commune. C’est là le seul moyen de rassurer les classes populaires et moyennes, les artisans, paysans, les petits et moyens entrepreneurs, laissant le capitalisme le plus sauvage poursuivre sa prédation et abandonnant le peuple aux sirènes malfaisantes et xénophobes du Front National et d’un populisme pseudo-républicain abject.
Les élections approchent et il n’est plus permis dans ce contexte crucial de se demander: « C’est quoi être de gauche ? »