Je sais, le chapô pourrait rappeler le grossier coup du vote utile de 2012, souvenez-vous, cette misérable duperie qui a permis au capitalisme le plus prédateur de faire passer, grâce à un gouvernement pseudo-socialiste, la politique la plus libérale, la plus antisociale depuis l’avènement de la Vème.
Nous savons tous la situation dramatique de la gauche, aussi bien européenne que dans notre pays, ainsi, nul doute qu’il va falloir un "peu" de temps pour reconstituer un mouvement populaire digne de ce nom. Il apparaît également évident que ce mouvement ne pourra se constituer que sur les cendres qu’il faut espérer limoneuses du parti socialiste. Le niveau de décomposition de cette chose fait qu’il n’y a, pour des progressistes dignes de ce nom, rien à en attendre.
Quant aux multiples et sempiternels candidats de l’extrême gauche, dont les scores indigents n’arrivent même pas à les convaincre de leur terrible isolement, ils ne servent qu’à plomber les chances d’une possible reconstruction d’un mouvement populaire. En dehors des réunions entre copains, la "pureté idéologique" doit s’effacer, et, avec elle, la schizophrénie terrifiante qu’elle génère. Je crois que même un Jean-François Copé, à l’ego pourtant démesuré, aura compris l’inutilité et l'absurdité d’un score inférieur au point de pourcentage.
Que faire alors, en attendant ?
La primaire proposée en pompier par les caciques du PS ne saurait en aucun cas être considérée comme celle de toute la gauche au vu de la politique désastreuse cautionnée par la grande majorité des représentants de ce parti durant cinq longues années. Cette primaire ne pourra que refléter l’assujettissement des membres de cette organisation aux chefs infâmes, avec l’hypothétique carotte de la présentation sur des listes perdantes, lors des différentes élections.
Pour affronter avec une petite chance de succès une droite déclarée, celle de Fillon, il conviendra avant tout d’éliminer les imposteurs de la droite masquée, les Hollande, Valls, Sapin, et même ceux qui, clamant leur repentance avec retard, ont activement servi cette politique durant une bonne partie du quinquennat, perdant ainsi toute crédibilité.
Le réalisme force à constater, n’est-ce pas chers militants du PC, qu’en 2017 seul Mélenchon est en mesure d’offrir, sinon une victoire, un début de rassemblement des forces de progrès dans ce pays. Au pire, et avec la disparition nécessaire d’un PS au bout du rouleau, il sera possible d’évaluer les possibilités de reconstruction d’un véritable mouvement citoyen.
Je ne suis pas fan de l’individu, bien qu’il soit de loin le meilleur tribun du pays, sa faiblesse déconcertante en présence des journalistes est totalement contreproductive. Son agressivité maladive, que suscitent avec une étonnante facilité des interlocuteurs souvent à la botte du système, le détourne du développement nécessaire d’une argumentation qu’il a par ailleurs, le faisant constamment sombrer dans l’invective à l’encontre de ses contradicteurs. Il semble ignorer que l’important est de s’adresser aux téléspectateurs et aux auditeurs, bien au-delà du plateau qu’il a sous le nez ! Ses formules malheureuses et ses maladroites tentatives de s'insérer dans l'air du temps populiste me sont désagréables.
Les Insoumis doivent se trouver d’urgence des relais de communication, dans les meetings et, surtout, lors des interventions médiatiques. Mélenchon ne saurait être, au risque d’un échec cuisant, l’unique voix du seul mouvement susceptible d’incarner une gauche alternative véritable.
Cela étant précisé, et faute de mieux, j'ai tendance à croire à la sincérité du bonhomme, à sa volonté de freiner la machine infernale d'un libéralisme outrancier, et, bien entendu, à la cohérence de son programme.
Il y a urgence, même si l’état de délabrement de notre famille politique impose une solide patience et un travail de fond qui ne saurait se limiter aux feux de paille occasionnés par une élection quinquennale.