Mona Chollet, journaliste au Monde diplomatique, et co-animatrice du site peripherie.net, s'était auparavant attaquée à ce qu'elle appelait "la tyrannie de la réalité" (Folio actuel). Elle porte aujourd'hui toute son attention sur une autre notion elle aussi malmenée et tyrannique : la féminité. Ou sur ce que l'ordre social prétend considérer comme relevant de la sphère réservée aux femmes, les maintenant ainsi dans une position subalterne. Pour ce faire, elle décortique avec minutie les magazines dits féminins, les séries télévisées, les messages publicitaires et autres espaces de la culture populaire. Elle ne se départit jamais d'un humour mordant qui, au lieu de créer une connivence facile, révèle l'absurdité de nombreux mécanismes d'aliénation. Il ne s'agit pas pour elle de condamner des pratiques observées par une grande majorité de femmes dans le monde, ce qui serait emprunter à la misogynie propre à ceux à qui profite cette obéissance à un capitalisme consumériste forcené. Au contraire, l'auteure mobilise toute sa pensée et celle d'autres auteur-es, parfois non traduit-e-s en France comme Susan Bordo ou Naomi Wolf, pour éclairer ce conditionnement. Le principal acteur en est ce qu'elle appelle le "complexe mode-beauté". Cette industrie développe délibérément un idéal inaccessible voire mortifère et provoque des comportements néfastes dans un contexte économique qui génère fragilité et peur. Mona Chollet propose alors une lecture de la docilité sociale opérée par un sentiment d'inadéquation douloureux. Elle articule aussi dans sa réflexion les notions de racisme et de classe, et offre ainsi des outils de compréhension qui permettent à chacun et chacune de mieux s'armer face à la persistance parfois insidieuse de cette norme dominante. En vue, semble-t-il, de susciter une insubordination, voire une insurrection, en tout cas une résistance aux impératifs sociaux et intimes.
Beauté fatale, les nouveaux visages d'une aliénation féminine (Zones, 2012)
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Mona Chollet participera à une discussion au Lieu-dit, rue Sorbier, à Paris 20e, ce mercredi 11 avril, 19h.
Pour prolonger la réflexion, d'autres lectures sont possibles :
Du côté des petites filles d'Elena Gianini Belotti (ed. des femmes), et aussi :
Petites filles d'aujourd'hui, l'apprentissage de la féminité de Catherine Monnot (ed. autrement)
Un troussage de domestique, collectif réuni par Christine Delphy (ed. syllepse)
Femmes en flagrant délit d'indépendance de Gail Pheterson, (ed. tahin party)
… et de nombreux autres titres que vous pouvez consulter sur le site www.librest.com dans la rubrique "sélections".
Natacha de La Simone, librairie l’Atelier / Librest