« Le premier à parler fut l’anglais, Sir Edward Malet. Il évoqua le bien-être des indigènes, vanta le libre-échange mais parla de le contrôler, puis déclara d’un même élan l’Angleterre favorable à la liberté du commerce dans le bassin du Congo ; on s’y attendait. C’est que là-bas, au Congo, l’Angleterre n’a rien, pas un pet de terre, il lui serait donc avantageux de commercer librement ; on est rarement protectionniste chez les autres ». Congo, Actes Sud, 2012.
C’est ainsi qu’Eric Vuillard nous fait entrer dans les coulisses de la conférence de Berlin (1884) où les grandes puissances vont se partager l’Afrique.
« Pendant le discours du président, Lumumba apportait à la hâte des corrections à un texte. Une petite pile de papiers sur les genoux, il gribouillait ici et là une annotation (…).
- Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres (…)».
Congo, une histoire, Actes Sud, 2012.
C’est ainsi que David Van Reybrouck nous fait revivre la mémorable journée de déclaration d’indépendance du Congo (1960), durant laquelle Lumumba va restaurer la dignité des colonisés mais aussi, sans le savoir, signer son arrêt de mort.
Voilà deux ouvrages qui, sous une forme romanesque pour l'un et sous une forme de récit pour l'autre, explorent l'histoire de ce pays-continent : on éprouve un véritable vertige devant l'ampleur du gâchis, devant la rapidité avec laquelle des peuples et des territoires ont été entièrement remodelés... Une préfiguration lugubre de ce que la mondialisation peut offrir de pire.
Quentin Schoëvaërt, librairie Atout Livre / Librest
Rencontre avec David Van Reybrouck et Eric Vuillard à la librairie Atout Livre jeudi 4 octobre à 19h30.
http://www.lalibrairie.com/tous-les-livres/congo-recit,1326108-0.html?texte=Vuillard