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Billet de blog 11 avril 2014

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Moi, parlementaire socialiste, je manifesterai samedi contre le pacte d’austérité

En s’abstenant de voter aux élections municipales, nombre d’électeurs qui avaient fait élire François Hollande ont manifesté leur scepticisme à l’endroit de la politique menée par son gouvernement. Leur message n’a pas été entendu.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En s’abstenant de voter aux élections municipales, nombre d’électeurs qui avaient fait élire François Hollande ont manifesté leur scepticisme à l’endroit de la politique menée par son gouvernement. Leur message n’a pas été entendu. Comme réponse, le président de la République a proposé de mettre la barre à droite en nommant Manuel Valls à la tête d’un nouveau gouvernement. Il a ensuite imposé à sa majorité un vote de confiance au parlement pour entériner le virage social-libéral, pourtant contesté dans son propre parti, mais qu’il entend négocier jusqu’à la fin de son mandat.

Le pacte de responsabilité est une erreur économique. Les « politiques de l’offre » ont échoué dans des pays souffrant d’un problème de compétitivité bien plus important que la France. Ces politiques d’austérité ont tué le pouvoir d’achat et l’emploi, sans parvenir à relancer l’offre. En France, le transfert de 30 milliards (1,5 points de PIB !) en faveur des profits ne poussera pas les entreprises à investir, tant que leurs carnets de commande restent vides. Parallèlement, après la hausse de la TVA, la compression de 50 milliards en trois ans des dépenses publiques provoquera non seulement un mécontentement social, mais aussi un effet récessif qui plombera la reprise et compromettra l’inversion de la courbe du chômage.

Le pacte de solidarité est un leurre. La grande réforme fiscale, réclamée par de nombreux députés pour rendre plus juste le financement de la protection sociale, n’aura pas lieu. Dès lors, la baisse des cotisations conduira le gouvernement à amputer les dépenses d’assurance maladie et les prestations sociales de plus de 10 milliards, comme cela a été annoncé. Cela annihilera les effets sur le revenu disponible des ménages modestes de la baisse des cotisations salariales et de la ré-indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur les prix (déjà programmée, au demeurant, dans la dernière loi de finance).

Ce pacte d’austérité est surtout une erreur politique, qui risque de s’avérer fatale pour le PS. Il marque un tournant idéologique majeur de la social-démocratie française qui avait, à l’époque, pris ses distances avec la « Troisième voie » proposée par Tony Blair et Gerhard Schröder. C’est ce choix social-libéral, assumé au grand jour par le président de la République, qui sème indéniablement le trouble au sein de l’électorat socialiste.

100 députés socialistes ont certes manifesté leur doute. La plupart d’entre eux n’en n’ont pas moins légitimé le tournant opéré en votant la confiance. Le message des électeurs socialistes a été d’autant moins entendu que le Parti socialiste, « plongé dans un coma profond » et transformé en « parc à moutons » (dixit un ancien premier secrétaire) se refuse à organiser un congrès extraordinaire pour ouvrir le débat de fond nécessaire pour réorienter la gauche. Reste donc la rue, puisque le message des urnes ne suffit pas.

Moi, parlementaire, socialiste de gauche, je manifesterai le 12 avril contre ce pacte d’austérité pour adresser un message fort au président de la République. Persévérer encore trois ans dans cette voie conduirait inexorablement notre camp vers un nouveau 21 avril, en 2017, après de nouvelles défaites aux élections européennes, puis aux élections régionales. Cela entretiendrait l’impression qu’il n’est pas d’autre politique possible et qu’au fond, l’UMP et le PS appliquent, à quelques nuances près, la même politique, aussi inefficace qu’impopulaire. Il est temps de changer de politique, avant le désastre annoncé.

Liêm Hoang Ngoc, Eurodéputé (rapporteur sur Le rôle et l’activité de la Troïka), Membre du bureau national du PS

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