lignes en stock (avatar)

lignes en stock

Le blog de Jean-Michel Lacroûte.

Abonné·e de Mediapart

58 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 mai 2025

lignes en stock (avatar)

lignes en stock

Le blog de Jean-Michel Lacroûte.

Abonné·e de Mediapart

Livre : " Le dit de Tianyi" - François Cheng

Albin Michel - 1998 - François Cheng, dans ce livre, a promené ses lecteurs, a raconté à sa façon « un rêve entier qui n’est pas encore à portée de l’humanité » (p. 402). Dans ces pages, ce rêve s’est accompagné de l’amour et de l’amitié du trio composé du Peintre, de l’Ami, de l’Amante

lignes en stock (avatar)

lignes en stock

Le blog de Jean-Michel Lacroûte.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

C’est grâce à Elisabeth Souny Selva et son blog littéraire « French Voyage » que j’ai pris idée de lire François Cheng. Le contact s’était établi par Panaït Istrati. Va donc pour François Cheng, un écrivain à découvrir à ses yeux. La Chine est au cœur de multiples débats, elle fait peur ou séduit. De fait, très peu de personnes connaissent. Le riz cantonais et les rouleaux de printemps, versions lyonnaises, ne font pas tout !

Élève appliqué (tout arrive !), j’opte donc pour le premier conseil d’Elisabeth Souny Selva, « Le dit de Tiany ». Un bon petit pavé qui conduit le lecteur à travers ce pays immense, souvent à pied, aux côtés de deux autres amis de Tiany : Yumei, et Haolang.

L’écriture est agréable, et c’est avant tout un voyage dans l’histoire, dans une culture qui nous éloigne de notre quotidien occidental. Je ne vais pas faire une recension précise et appliquée de ce roman, riche, qu’il faut découvrir en prenant le temps nécessaire pour suivre l’itinéraire d’un peintre, Tiany, qui passe par la France, l’Italie, les Pays Bas, pour la peinture en particulier. Il fait aussi un petit détour littéraire par Romain Rolland qui ne peut que me plaire… Suivre ce trio avide de vivre, de découvrir, de voyager, c’est aussi suivre des pages d’amitié,  d’amour. Et un passage moins sympathique par la guerre entre la Chine et le Japon, puis bien entendu par la Révolution chinoise et l’avènement de la « société nouvelle ».

Le roman prend alors un autre virage, plus dur, car la Révolution est dure pour le peuple. Les cadres encadrent, et le peuple n’a de fait qu’une préoccupation : survivre. Mais il est dur de survivre si l’on a des principes, si l’on souhaite rester fidèle à un idéal qui n’est pas l’idéal des cadres, justement.

Je ne souhaite pas rentrer dans l’évolution détaillée du roman. Il faut le lire, tout simplement ! J’ai envie de vous faire picorer quelques graines découvertes tout au long de ces pages : p. 298 : « Le bonheur sépare. Le malheur réunit. » Un indice dans l’évolution du roman ? Oui et non. Plutôt un indice sur nos vies telles qu’elles vont… P. 370 : « Ce qui nous reste, écrire ». C’est ce que je ressens, ce besoin d’écrire quelques lignes après un tel flot de sentiments, de ressentis, des descriptions d’un pays que je ne connais pas, mais que j’appréhende beaucoup mieux après cette lecture. Je suis conscient que la Chine décrite par Tiany et la Chine actuelle sont sans doute bien différentes. Mais il me reste ce besoin de coucher quelques réflexions. Á quelques pages de la fin (p. 409), Tiany évoque la potion magique du « Petit Livre rouge ». François Cheng, quant à lui, réussit à écrire un livre sur la Chine sans jamais citer Mao. Tout juste une petite évocation de la tenue des ouvriers dans « leur costume Mao ». Une récente émission sur la Chine, sur Arte (au sujet de « TikTok ») parlait de Xi Jinping comme le nouveau Mao. En 2025, pas besoin de petit livre rouge. Les réseaux sociaux font le reste… Potion magique, potion indigeste. Á chacun de juger.

Je me suis éloigné du livre ? Je ne pense pas. François Cheng, dans ce livre, a promené ses lecteurs, a raconté à sa façon « un rêve entier qui n’est pas encore à portée de l’humanité » (p. 402). Dans ces pages, ce rêve s’est accompagné de l’amour et de l’amitié du trio composé du Peintre, de l’Ami, de l’Amante. Et de la rudesse de la Sibérie chinoise, d’un régime impitoyable pour les dissidents.

Quel que soit l’avenir de la Chine, sous Xi Jinping et après, il nous restera la Peinture, l’amour et l’amitié. Et les lignes des écrivains pour que le monde n’oublie pas le sort des dissidents.

Illustration 2
Donné par un militant maoïste de Lyon, en 1972 / 73. Merci Christian.
Illustration 3

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.