Flag, c’est Francis Lagrange (1900 - 1964), peintre bagnard en Guyane, et artiste - peintre reconnu. Jean-Marc Delpech nous le présente dans un texte « Le peintre bagnard et le sous-préfet », illustré de plusieurs reproductions de ses œuvres. Avec, bien sûr, son itinéraire de vie qui le mène à la relégation en Guyane. Il est libéré en juillet 1935, et devient officiellement « peintre-décorateur » en 1936. Il a fait le choix de rester en Guyane. En mars 1952, Lucien Vochel est nommé sur ce territoire. Il croise la route de Francis Lagrange.
Le sous-préfet Vochel lui demande de dessiner Les filles de Loth : « Lucien Vochel a connu Flag en Guyane, c’est probablement lui qui a passé la commande d’une bande dessinée érotique intitulée Les Filles de Loth d’inspiration biblique. […] Elle est composée d’une vingtaine de pages illustrant le poème du même nom attribué à Alfred de Musset, librement interprété par Francis Lagrange. […] » (p. 24 ; texte de François Morand, qui présente au lecteur la collection du sous-préfet Lucien Vochel.)
Cette bande dessinée est en effet à ne pas mettre entre toutes les mains, ni dans tous les esprits. L’heure n’est pas vraiment à la mise en avant de l’inceste, du viol ou de la « débauche » (que semblait apprécier Lucien Vauchel, et le poète Alfred de Musset). Il reste quand même assez piquant que cette bande dessinée s'inspire de l’Ancien testament, et d’un des plus grands poètes de la littérature française.
Les dessins sont précis, explicites, et le texte aussi : « […] Experte en luxure, elle avait subi consentante et heureuse, les plus rares étreintes, les gestes les plus osés, les plus vicieux… Ne disait-on pas d’elle : « Ruth peut contenter le DIABLE […]. » (p. 31).
Le poème d’Alfred de Musset, « Les filles de Loth » clôt cet agréable petit ouvrage. Merci à Francis Lagrange, qui nous montre avec talent que l’on peut se sortir d’un insupportable diable, le bagne… Et merci aussi au travail de Jean-Marc Delpech, qui a travers ce texte, et à travers ses recherches incessantes, réhabilite ces proscrits des bagnes disparus de la mémoire française.
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