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Le dernier bouquin de René Frégni. Je l’ai offert à Martine pour son anniversaire, il parle des nombreux livres qu’il a lus. Du coup, bien sûr, je l’ai lu moi aussi. Beau livre sur un homme, un électron libre, une étoile filante dans la jungle des êtres humains. Mais une étoile filante livre à la main.
Il a été réfractaire à l’armée. Pas vraiment réfractaire d’ailleurs, il s’en défend. Tout simplement, il n’a pas supporté l’uniforme, la hiérarchie, et il a rencontré un copain qui lui a indiqué ce qu’il suffisait de faire. Refuser. Refuser l’absurdité, prendre la route. Vivre au soleil, pas dans une caserne du nord-est de la France, de ces casernes où le soleil est interdit de séjour.
Divers refus des ordres militaires lui ont valu le cachot, et aussi la plus belle des rencontres, la littérature. La seule façon pour le prisonnier de passer à travers les barreaux. Plus tard, quand l’occasion s’est présentée, il a fui réellement, sur les routes, à Forcalquier, à Bastia, à Istanbul, à Manosque. Il aurait pu fuir jusqu’en Bolivie, rejoindre le Che. Mais son copain lui a fait faux bond pour ce voyage au pays de la révolution.
Et toujours, sur le chemin, des livres, des livres, et encore des livres. C’est aussi ce qu’il nous conte dans ces pages. Je trouve qu’il y a un côté Panaït Istrati chez cet écrivain de la liberté, du soleil, du sud. Mais il ne le cite pas. Un oubli ? Il ne le connaît pas ? Je ne sais.
Grand lecteur, il est devenu écrivain. L’étoile filante a rencontré un jour un stylo, un cahier. Des cahiers. Et il a naturellement enchaîné les mots, ces mots qu’il sait si bien manier : p. 254 (avant dernière page du bouquin, un court extrait qui vaut toutes les rédactions philosophiques du monde) : « […] Je suis l’un de ces hommes. Je marche sur ces collines pauvres mais je suis l’un des leurs… Je me suis lentement écarté de leurs crimes. Ça ne changera rien aux jours terribles qui s’avancent… […] ».
Je suis, moi aussi, l’un de ces hommes. Je lis. Et pour mon bonheur, j’ai rencontré les livres de René Frégni.