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Billet de blog 9 mars 2023

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mots en vrac : " Décider "

Décider, quel casse-tête, et ne pas décider, c'est pire ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu’il s’agisse de donner ou non quelques pièces à un p’tit Rom, ou bien d’un Sudoku qui vous résiste, ou pour les petites ou grandes choses de la vie quotidienne, une certitude : il faut bien finir par prendre une décision, avec ou sans hésitation.

Au cours d’une vie bancale qui, sans arrêt, vous impose de décider s’il faut aller à droite ou à gauche (référence simplement géographique, et non politique), s’il faut aimer ou rejeter, s’il faut s’endormir ou rester réveillé, s’il faut… mettre un adjectif positif ou négatif, mettre un point, une virgule, un point d’exclamation, d’interrogation. Le point d’interrogation, qui marque souvent une hésitation, un doute, une incertitude.

Je n’aime pas, je n’ai jamais aimé les certitudes, définitives, irrémédiables. Ce type de comportement est pour moi la source de tous les totalitarismes (les grandes dictatures) et de toutes les petites tyrannies (domestiques, professionnelles, éducatives, etc.). J’aime les gens qui doutent, comme dirait Anne Sylvestre. Et par conséquence, je n’aime pas les petits chefs ou les grands chefs. Doute et hésitation ne sont pas exactement la même chose, bien sûr. Mais le doute est l’opposé de la certitude. Celui ou celle qui doute se pose des questions, réfléchit, pèse le pour et le contre. Celui ou celle qui est certain est certain. Point à la ligne.

Tiens, une illustration très concrète, très actuelle en mars 2023 : la retraite, 62 ans, 64 ans ? Revoilà notre point d’interrogation.  Macron ne doute pas, n’hésite pas. La rue n’hésite pas non plus. Dialogue de sourds qui se règle à coup de manifestations, de grèves, de faux débats à l’Assemblée, au Sénat. Á coup de 49.3, qui sait ? Une décision sera prise, qui ne sera satisfaisante pour personne, ou tout au moins, pour une minorité, si l’on en croit les sondages actuels.

Une décision sera prise malgré l’opposition de la rue. Malgré la fatigue des travailleurs et des travailleuses. Malgré le fait que Jack Lang, à 83 ans, brigue un nouveau mandat à la direction de l’Institut du monde arabe. Malgré l’âge d’un des présidents du monde, Joe Biden. Alors, la retraite à 85 ans, à 90 ans ?

Une décision sera prise malgré tout… Et surtout, sans que le vrai problème ne soit jamais traité : le travail. Quel travail. Comment on travaille ?  Quelle fatigue ? Quel intérêt ? Quelle rémunération juste ? Là aussi, vastes hésitations : celles et eux qui foutent rien, celles et ceux qui travaillent trop. Les paresseux, ceux qui se lèvent tôt, les planqués, les premiers de cordée mal payés, les actionnaires qui gagnent de l’argent sans rien faire. Et si, tout simplement, il s’agissait de construire des solutions pour un travail apaisé, désirable, intéressant. Assorti à une rémunération juste, ni ridiculement basse, ni ridiculement excessive.

Bon, je décide de clore ce débat que pas grand monde chez les politiques n’ose mener. Ce n’est pas l’objet de mes lignes. D’ailleurs, une société capitaliste peut-elle imaginer un tel travail ? Cela semble impossible depuis des siècles. Et pourtant, n’est-il pas temps d’imaginer ? D’imaginer  un monde où décider ne soit plus un tracas épouvantable, une hésitation perpétuelle entre le pire et le moins pire. Possible ? Oui, sans doute.

Un monde où la poésie remplacerait les chiffres. Car vous avez sans doute remarqué que, pour chaque décision, c’est les chiffres que les gouvernants, les « experts » mettent en avant. Un chiffre ne se discute pas, ne permet aucune nuance. Les mots, eux, permettent la nuance, acceptent les adjectifs. 64, c’est 64, en aucun cas 63,5, ou 62,4. Voilà !

Par contre, quand j’écris : « une fin de carrière », de multiples possibilités s’offrent pour illustrer ces simples mots : une belle fin, une fin exténuée, une fin joyeuse, une fin triste, etc. Quant à la carrière, a-t-elle été belle, nulle, interminable, passionnante ? C’est quand même autre chose que 64, 62, 60, ou 85.

Alors, que conclure ? Que, si nos gouvernants, nos « sachants », celles et ceux que les medias appellent parfois les « décideurs », n’hésitent pas, ou refusent d’avouer leurs hésitations, pour ma part, j’hésite beaucoup, souvent, car rien n’est jamais linéaire, simple, définitif. Donc, j’hésite. Et je finis toujours par décider. Des petites décisions (thé ou café ce matin), des grandes décisions (où allons-nous nous installer, à la ville, à la campagne).

Décider

Quel casse-tête

Et ne pas décider,

C’est pire ?

Hésiter, selon l’humeur du matin

Hésiter, selon les finances

Hésiter, selon la pollution

Hésiter, selon l’endroit où je suis

Hésiter

Et finalement

Malgré tout

Décider

Illustration 1

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