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Elif Shafak, un auteur qui surprend. Par ses sujets, par la structure du roman. Ici, nous suivons une prostituée, Tequila Leila, assassinée dans une rue d’Istanbul. Juste après sa mort. C’est l’occasion pour l’auteur de nous conter sa vie, celle de ses 5 amis. C’est surtout l’occasion d’une instructive promenade en Turquie, et surtout dans ses marges. C’est ce qu’elle aime par-dessus tout, me semble-t-il, les marges. Alors, le lecteur part en exploration derrière Tequila Leila.
Dans un premier temps, ce sera l’esprit. L’esprit de Leila, de ses amis, la Turquie de province, la Turquie d’Istanbul, la Turquie et sa religion, ses traditions, ses opposants politiques, ses marginaux. C’est ensuite l’histoire du corps, celui de Leila bien sûr, morte, abandonnée par une famille qui ne veut plus entendre parler d’elle. Ses amis refusent cet abandon. Le corps de Leila ne doit en aucun cas rester dans ce cimetière glauque, au nom explicite, le cimetière des Abandonnés. Puis, ce sera l’âme. Brièvement. « […] Elle se sentait légère, satisfaite. […] Enfin libre. […] ». (p. 379 / 381)
C’est Istanbul qu’Elif Shafak nous conte. Si belle, si étrange, si attirante : p. 384 : « […] Istanbul était une ville liquide. Rien de permanent. Rien qui semble établi. […] » Si. Ce qui est établi pour moi, c’est la magie de cet auteur. Plongez dans Istanbul, dans le Bosphore. Leila vous fera faire cette belle visite…
Déjà publié sur lignesenstock : L’île aux arbres disparus - novembre 2022