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Billet de blog 12 septembre 2023

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livre : " Géopolitique de l'anarchisme " - Edouard Jourdain

éditions Le Cavalier Bleu – avril 2023 – « Vers un nouveau moment libertaire », est-il écrit en sous-titre de ce livre. Ce moment est en route, semble nous dire l’auteur.

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Voyage au pays de l’anarchisme, serais-je tenté d’écrire. Voyage assez complet, et très international. Avec une ouverture sur le présent, un présent qui donne envie. C’est bien. Dans un premier temps, l’auteur nous rappelle, à travers divers anthropologues, que des sociétés ont vécu, et parfois plutôt bien, sans État. Pierre Clastres, David Graeber, bien sûr. Il n’était pas question d’anarchisme, mais dans les faits, il y avait beaucoup de points communs.

C’est ce qui va constituer le cheminement de ce livre. L’anarchisme se retrouve un peu partout, et c’est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse. Sa force, car que ce soit au niveau mondial (Chiapas, Rojava, entre autres) ou au niveau national (ZAD de Notre Dame des Landes, Nuit Debout, entre autres également), l’organisation de type anarchiste, libertaire permet aux luttes d’exister, d’avancer, voire de gagner. Sa faiblesse aussi, puisque encore et toujours, son image reste associée au chaos, à la violence d’attentats qui datent maintenant de près d’un siècle et demi.

Édouard Jourdain visite les concepts clés de  cet anarchisme : fédéralisme, autogestion, anticolonialisme, internationalisme. Il n’esquive pas le débat sur la violence. Violence révolutionnaire ? Non-violence active ? Guerres ? Armée révolutionnaire ? Un petit détour par la révolution espagnole s’imposait, mais il ne s’en tient pas uniquement à cela. Ce qui se passe au Rojava, dans un silence médiatique international assourdissant,  avec en toile de fond la réflexion autour du municipalisme libertaire de Murray Bookchin, l’évolution du leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan, devrait interroger le mouvement révolutionnaire international. Là aussi, silence assourdissant, tout au moins en France. Les Kurdes ont l’habitude, les anarchistes aussi…

Sans surprise, au moins pour moi ( ! ), il consacre un chapitre à « anarchisme et écologie », en précisant que pour préserver le monde, il est indispensable de lutter contre le capitalisme. Les références à Élisée Reclus et Murray Bookchin sont évidentes. Il évoque page 152 le concept de biorégion, que j’avais découvert dans un numéro de la revue Silence ! (février 2021). Une petite interrogation après une balade cet été en Normandie et en Bretagne : sans drapeaux, les biorégions ? Cette réflexion autour de l'obsolescence des frontières actuelles entre en résonnance avec ce que l’auteur appelle « le renouveau des communs ». Á bas bruits, de nouveaux concepts émergent, qui font incontestablement bouger les lignes.

Alors, fédéralisme, régionalisme, visiblement. Écologie sociale, anticapitalisme. Pour y arriver, violence, non-violence ? L’auteur ne tranche pas, mais sa conclusion autour de la culture libertaire esquisse des pistes que l’anarchisme contemporain, en dehors des organisations labellisées , ouvre depuis longtemps.

« […] la culture libertaire dépasse la simple critique du capitalisme et de l’État : elle prépare les personnes et les rend vigilantes afin de développer une éthique des relations nécessaires à la naissance et la perspective d’une société émancipée. Dans cette perspective, de nombreux domaines sont investis par les anarchistes comme le féminisme ou l’antiracisme, la cause animale, mais aussi l’éducation, le travail ou l’écologie […] » (p. 119 ; introduction au dernier chapitre, l’émergence d’une culture libertaire internationale).

« Vers un nouveau moment libertaire », est-il écrit en sous-titre de ce livre. Ce moment est en route, semble nous dire l’auteur. Et ce livre est une belle introduction à ce moment en construction. Mais j’ai envie de rajouter : ne traînons pas trop. D’autres moments funestes s’annoncent malheureusement, que l’utopie libertaire ne peut pas ignorer.

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