J’ai presque envie de commencer comme le font parfois les enfants dans un dialogue sans fin : et pourquoi pourquoi ? Je reviendrai aux enfants à la fin de ces lignes. Frédéric Gros, pas plus que d’autres, n’apporte de réponse. Ce petit livre s’ouvre sur la guerre en Ukraine, bien entendu. Á son déclenchement, il y a maintenant une bonne année, deux réflexions sont apparues, qui introduisent son livre : « Cette fois, c’est vraiment la guerre ? », et « Le retour de la guerre ? ». Derrière ces deux interrogations, je suis surpris : d’aucuns pensaient visiblement que la guerre n’était plus possible en Europe. Avec, comme trop souvent, la guerre en ex-Yougoslavie passée à la trappe, pas par Frédéric Gros, mais par les medias, les commentateurs, le café du commerce… Ce n’est pas la première fois que celle-ci se retrouve aux oubliettes de notre histoire récente.
Frédéric Gros navigue ensuite autour des notions d’héroïsme et de barbarie, en référence à l’histoire et à la philosophie, autour de l’État, créateur de guerres ou conséquence de ces mêmes guerres ? Autres notions, celles de guerre juste, de guerre totale. Á noter d’ailleurs, page 78, une réflexion qui m’a paru ô combien pertinente : « la victoire est juste simplement parce qu’elle est victorieuse ». Pas faux… Page 116 apparait enfin le mot capitalisme, mais sans développement aucun. La bourgeoisie, la lutte des classes est bien peu présente dans ces lignes. Mais il est vrai que la guerre de classe n’est pas une guerre « noble », une guerre reconnue, pour beaucoup.
Et du coup, quid du « Pourquoi la guerre » ? Eh bien, rien de neuf sous le soleil. Recherche de gain matériel (territoire, richesses), la peur d’un pays ennemi qui grossit, grandit (empire ?), la vanité (le chef qui veut montrer que c’est bien lui le chef des chefs suprêmes). Ces trois raisons reviennent régulièrement (références à Thucydide, Hobbes, Kant, entre autres). En toute fin, dans le dernier chapitre « et pour quelle paix la guerre… », une dernière phrase : « C’est toute notre culture de la haine et de la revanche mauvaises, de la peur et de l’arrogance méchantes qui nous retient au bord de la paix, cette dernière étant toujours le triomphe de la joie contre les passions tristes ». Pour ma part, je retiens surtout haine et revanche. Tant qu’il y aura de la haine et de la revanche, la guerre continuera.
Le bon sens des enfants saura-t-il, enfin, mettre fin à cette haine et ce besoin de revanche qui semble constitutif du monde adulte depuis la nuit des temps. D’ailleurs, en écrivant ces dernières lignes, je me rends compte que, comme le capitalisme, les enfants, l’éducation sont eux aussi, bien absents de ces lignes. Pourtant, le manque d’éducation ne serait-il pas une des causes du « Pourquoi la guerre ? ».
Comme promis, je reviens aux enfants. Et surtout, au « dictionnaire anarchiste des enfants » (Jorge Enkis – collectif Emma Goldman - édité par l’Atelier de Création libertaire) qui écrit :
« Guerre : C’est l’idée que les conflits entre les gouvernements peuvent être résolus par la violence. Ce sont les plus riches qui décident de faire la guerre, mais ce sont des travailleurs, des travailleuses et des pauvres qui sont y sont envoyé.es. Plusieurs y meurent pendant que les enfants et les femmes pauvres des pays touchés souffrent grandement de cette violence. »
Conflits, gouvernements, violence. Trois mots clés pour en finir avec les guerres. Pas cap, comme disent les mômes…