
Chroniqué dans le Monde des livres, j’ai eu envie d’aller voir de plus près ce petit bouquin. L’antifascisme pendant la période de l’entre-deux guerres. Les questionnements s’affinent avec le retour de Trump, des régimes dits « illibéraux », de régimes plus ou moins avoués d’extrême-droite (Bolsonaro, Orban, et malheureusement bien d’autres…).
Comment lutter, comment s’opposer ? Des textes des grandes plumes militantes (Trotski, Gramsci), sont présents, accompagnés de commentaires pertinents. Ce qui m’a principalement attiré dans ce petit livre, c’est la présence, aussi, d’Emma Goldman, de Daniel Guérin, de Willem Reich, d’anticolonialistes comme George Pandmore. La galaxie communiste est loin d’avoir le monopole de l’antifascisme, surtout après la guerre d’Espagne, et d’autres exemples historiques assez mal venus, malheureusement.
Organiser la riposte au fascisme, c’est bien entendu disserter sur les divers fronts antifascistes à mettre en place. Et là, les multiples tendances sont riches en polémiques, solutions et anathèmes pour justifier telle ou telle orientation. Mais il est avant tout nécessaire de comprendre que pour combattre efficacement le fascisme, il est fondamental de s’attaquer à ses causes profondes. Liées au capitalisme, à la domination. Il faut construire un complément indispensable à la lutte des classes, de moins en moins opérante en 2025, peut-être tout simplement faute d’un nombre suffisant de participants… Le féminisme, le combat contre le masculinisme, sont une des clés, bien entendu. Ainsi que l’analyse sans complaisance du colonialisme, de l’exploitation capitaliste.
L’histoire repasse les plats au cours de ces années 2025 ? Pas si simple. L’antifascisme est un combat à construire, en se gardant de reprendre les mêmes atouts que ceux utilisés par le fascisme. Force, lutte armée, puissance exacerbée pour écraser l’adversaire ? L’écraser ne règle pas grand-chose, il finit toujours par se relever. Donc, analyser, ne pas reproduire les erreurs du passé.
« La lutte pour l’émancipation des femmes est inséparable de la révolution sociale », nous dit Emma Goldman. Antifascisme et révolution sociale doivent être associés, sinon rien ne changera vraiment. Mais au fait, comment faire la révolution ? « La lutte antifasciste trace l’horizon souhaitable d’une « démocratie authentique, totale, directe », écrit Daniel Guérin pour terminer ce petit livre.
Une « démocratie authentique, totale, directe ». Découvrir l’antifascisme mène inéluctablement à découvrir (redécouvrir) une démocratie authentique. Là se trouve sans doute la révolution à mettre en oeuvre. Une démocratie libertaire reste à inventer.