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La jeunesse de Sorj Chalandon. La fuite loin du père facho (« l’Autre »). La rue. Les « Mao ». Court résumé. Certes. Alors, un peu plus : il s’enfuit de Lyon, pour prendre la route. Et se retrouve à Paris. Il n’ira pas au Népal, à Katmandou. Ce sera la rue à Paris. La faim, la manche. Puis, la rencontre avec des drôles de gugus et un drôle de journal : La cause du peuple. Ça le sauve, ça lui plaît.
Et la rue l’a initié à la bagarre, à la dure. Alors, sans scrupule aucun, il se rallie à la branche « dure » des Maos, ceux que certains surnomment les « militaro-débiles ». Et, de fil en aiguilles, il se retrouve à Libération, dessinateur de presse. Le condensé est un peu rapide, mais c’est l’essentiel de ce récit.
Il en ressort une recherche de vérité, de droiture. C’est un peu mon itinéraire. Un peu seulement, car j’étais du côté des non-violents, certes pas du côté des bagarreurs, des trotskistes, des maos et autres avatars du communisme. Car certains maos, petit à petit, n’hésitaient pas à manier les armes. Pas tous, mais après l’assassinat de Pierre Overney, pour eux, la vengeance s’imposait. Une évidence. Mais Sorj a fait partie de ceux qui doutaient. Heureusement pour nous.
Car après Libé (longtemps), il y a eu le Canard enchaîné, des livres, et sans doute bien d’autres choses que j’oublie. Un acte des plus grands : la couverture du procès Barbie, à Lyon, avec l’Autre dans le public, pour Libé. L’Autre, le moteur de sa révolte. Merci pour nous qui aimons Sorj. Même si je ne peux que me tenir éloigné d’une violence qui n’a mené à rien. Ceci dit, nous autres, notre non-violence libertaire, elle nous a mené à quoi ? Á rester droit dans notre éthique, c’est déjà ça.
Á apprécier de tels livres aussi, bien entendu. Pas de quoi se renier, non ? Plutôt à continuer de semer des graines de culture libertaire, militante, libre. Une culture de gauche, j’ose le dire.
La culture de gauche existe encore. Ce « livre de Kells » vient à point nommé nous le rappeler, dans un pays où un drôle de méli-mélo politique est en train de s’installer. Un méli-mélo de plus en plus proche de l'extrême-droite. Malheureusement…