Le 27 août 1934, 56 gamins se révoltent à Belle-Île-en-mer. Ils sont emprisonnés la colonie pénitentiaire installée sur l’île. La vie y est très difficile pour eux. Les conditions de détention sont horribles, avec des violences physiques et morales inhumaines. Les révoltés saccagent, s’échappent. C’est l’histoire d’une vraie rébellion, où les enfants seront chassés sur l’île pendant toute une nuit. Tous seront repris.
Sorj Chalandon imagine que l’un d’entre eux, « La Teigne », ne sera pas capturé, et survivra. La première partie raconte la vie à la colonie avant l’émeute. Description violente d’une réalité qui l’était, bien entendu. La plume de Sorj Chalandon fait merveille pour mettre le lecteur dans cette ambiance nauséabonde. La seconde partie, où La Teigne va se cacher, survivre, grâce à la complicité de marins, est tout aussi brillante, avec encore son lot de violence.
La Teigne redevient La Teigne quand il s’agit de venger son ami Camille, repris, qui s’est pendu. Cet « Enragé » finit par quitter l’île en compagnie de Pantxo, qui part se battre en Espagne contre Franco. Car la plume militante de l’auteur brosse un tableau assez complet d’une époque où l’avortement était clandestin, où les Croix de Feu tentaient de faire régner leur loi, où la lutte de classes était une vraie lutte, quotidienne, difficile. Souvent perdante.
L’Enragé continuera d’ailleurs dans la résistance après 1939. Jusqu’au 13 décembre 1942. Les horribles gardiens de la colonie pénitentiaire n’avaient pas réussi à le faire marcher droit. Les Boches non plus. Mais leurs méthodes étaient encore plus expéditives…
Au fait, je ne peux m’empêcher : L’Enragé, c’est qui ? Jules Bonneau, cet indomptable gamin, ou Sorj Chalandon lui-même ? Mais heureusement, notre ami Sorj sait tenir à distance « La Teigne ». Sauf dans ses lignes…